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re-introduction programmée ou accidentelle
pollution génétique, clonage

 

Contribution de Pierre Terran, "certificat de capacité", 30 Dec 2002

>Néanmoins aujourd'hui quelques problèmes se posent auxquels je cherche des réponses:
 >            .le certificat de capacité.
 >            .la possibilité d'acquérir quelques éspèces
 >d'oiseaux sauvages vivants en France.
 >
 >Merci à tous ceux qui pourraient m'apporter des réponses à mes questions...

Je comprends cette passion, c'est en effet une des tendances naturelles de l'être humain que de s'entourer d'animaux. L'homme est naturellement "domesticateur". Il suffit d'étudier la vie des primitifs pour en être convaincu.
Si la législation française permets de posséder des espèces non indigènes, en respectant toutefois la Convention de Washington, elles est beaucoup plus réticente pour les espèces Européennes, parce que, paraît-il, on pourrait "en capturer dans son jardin" (formule consacrée).
En fait cette législation est pleine de lacunes, elle ne reconnait pas notamment l'existence d'animaux nés en captivité, de parents captifs. Elle est sur ce point nettement en retard par rapport à la législation Européenne.

En effet, le 5e point de l'article 36, du règlement (CE) n° 939/97,du 26 mai 97, précise que " les oiseaux nés et élevés en captivité sont marqués à l'aide d'une bague fermée sans soudure portant un marquage individuel "dont la taille ne permet pas de l'enlever de la patte de l'oiseau devenu adulte et qui a été fabriquée commercialement à cette fin."
Il y a aussi la jurisprudence de la cour Européenne du Luxembourg, (Affaire Vergy) qui a donné raison à un éleveur qui avait été condamné par les tribunaux Français pour avoir vendu une Bernache Naine du Canada née en captivité. La "jurisprudence Vergy ", en accord avec la juridiction Européenne , considère simplement qu'un oiseau né captif n'est pas concerné par toutes les mesures de protection.

On ne peut s'empêcher de faire une comparaison entre 2 volets de cette législation Française : celle qui concerne la détention des oiseaux captifs, et l'autre qui l'autre qui réglemente la chasse.

La contradiction devient flagrante si on prend l'exemple de la sarcelle d'été : lorsqu'elle naît en captivité, pour que son naisseur puisse continuer à la faire vivre, il lui faut soit un certificat de capacité, soit une autorisation préfectorale avec enregistrement dans un fichier national. Sinon: tribunal, saisie, condamnation, amende...

Rappelons que la sarcelle d'été, bien que protégée au plus haut niveau par la réglementation européenne (Annexe A), est quand même chassable en France. Ainsi, l'éleveur qui, sans en avoir jamais capturé aucune risque une grave condamnation pour en faire vivre et se reproduire, s'il possède un permis de chasse, peut en tuer plusieurs dizaines en une seule nuit, en plein accord avec la législation française. (Et, soit dit en passant, en totale infraction avec les Directives Européennes). L'administration française en l'occurrence semble plus souple avec les chasseurs qu' avec les éleveurs.

En conclusion je ne peux que t'encourager à faire vivre quelques canards, puisque cela semble t'apporter des satisfactions. Au train où les effectifs sauvages diminuent, il n'est pas impossible que d'ici quelques générations il n'y ait plus que les captifs à observer.

Pierre Terran
Vallée de chevreuse - Yvelines

 

Contribution de Pierre Terran , "Erismatures rousses." , 24 Sep 2001

Concernant le problème de l'éjointage , je suis complètement d'accord avec Fred. J'ai déjà eu de longs entretiens sur cette liste avec Nelly à ce sujet. Je n'en veux pour preuve que l'actuelle disparition de l'erismature à tête blanche, qui est en train de se fondre avec l'erismature rousse.
Si l' éjointage avait été obligatoire en Angleterre, d'où viennent les E. rousses, ce problème n'existerait pas.
Il me semble que l'éjointage est complètement dérisoire comparé aux réels risques de pollution génétique. D'autant plus qu'avec les facilités de transports modernes, chaque éleveur veut et peut avoir chez lui des espèces vivants à l'autre bout de la planète.

A moyen terme, beaucoup d'espèces qui se sont crées par isolement géographique, et qui sont encore interfécondes ( n'ayant pas eu le temps de fabriquer des barrières mécaniques ou autres pour prévenir l'interfécondation ), vont se retrouver et donc disparaître.

Le conseil d'État qui a effectivement tranché en considérant que l'éjointage était une mutilation n'avait sans doute pas en sa possession tous les arguments. Et le ROC d'alors s'est bien gardé de les lui exposer, fier qu'il était de gagner un procès, mais en ignorant peut-être lui même les effets à long terme.
J'aimerais connaître l'opinion de la LIGUE POUR LA PRÉSERVATION DE LA FAUNE SAUVAGE ET LA DÉFENSE DES NON-CHASSEURS, sur la décision à prendre concernant le problème de l'erismature. Faut-il tolérer l'hybridation, faut-il l'empêcher à tout prix ? En Espagne des équipes spécialisées tirent les E. rousses et les hybrides. En France aussi, depuis déjà quelques années, cette formule est adoptée et diversement appréciée.

 

Contribution de Frédérique , "Re: Nelly Boutinot" , 22 Sep 2001

Désolé, c'est encore moi...
Mais, j'aime bien discuter et nous ne sommes pas là pour nous fâcher.

C'est vrai que quand je ne suis pas d'accord avec quelque chose, j'aime bien en parler, la liste est faite pour ça non ?
Par exemple, quand vous dites :

>couper les plumes d'un oiseau captif suffit, la mutilation n'est pas obligée;

Je ne suis pas d'accord. C'est peut-être valable quand on a 3-4 canards et encore, il faut bien suivre leur mue; mais ce n'est plus valable si on en a plus ou s'il s'agit d'un élevage. C'est impossible à gérer.
Prenez le Zwin en Belgique : il y a des nonettes volantes partout...
pour mémoire, cette bernache hiverne chez nous mais ne s'y reproduit normalement pas.

> Quant aux pigeons ramiers, il faudrait déjà distinguer entre migrateurs et sédentaires

Qu'ils soient migrateurs ou non, ça ne change pas grand chose au problème : son statut n'est pas le même en Espagne, en France ou en Angleterre...(il faut aussi comprendre que les chasseurs soient agacés devant cette inégalité de situation) Mais dans tous les cas, c'est les ramiers qui trinquent...on pourrait leur conseiller de venir en France dès le 1er février : illusion ! car dès le printemps il sera considéré comme nuisible !
Conclusion : Il fait pas bon à être pigeon ramier en Europe...
Frédérique

 

Contribution de Nelly Boutinot: , "Re: éjointage/foie gras" , 22 Sep 2001

L'éjointage ne s'impose pas quand on a quelques appelants que l'on surveille quotidiennement, qui sont attachés devant les huttes pour attirer leurs congénères, repris dans un enclos et donc manipulés souvent: les ciseaux pour couper les plumes suffisent. D'ailleurs des chasseurs en sont d'accord qui ne recourent pas à l'éjointage.

L'éjointage est une mutilation reconnue du monde vétérinaire, c'est le terme qui convient quand on ampute d'une partie, même petite, d'un membre. Et les textes actuels interdisent toute mutilation.
Les cours de médecine vétérinaire qui exposent cela sont clairs et ont convaincu le Conseil d'Etat.

A mon avis, un canard gavé pour faire du foie gras souffre plus et plus longtemps...et ces mêmes personnes en mangent avec plaisir sans pour autant hurler au drame..

Vous utilisez souvent le terme "hurler" Ce n'est pas mon cas et cela ne convient pas pour une mésange qui gazouille ?
Je dis les choses Ex: Le ROC est allié à la Ligue Française des droits de l'animal (droits sur le plan éthique) qui a un excellent dossier scientifique contre le foie gras. Mais le ROC s'est donné pour vocation de s'occuper des espèces sauvages, pas des espèces domestiques.
A chacun son rôle.
LFDA lfda@league-animal-rights.org

 

Contribution de Fred, "ejointage" , 22 Sep 2001

Nous ne sommes pas sur une liste pour parler des oiseaux d'élevage, mais le problème touche les oiseaux sauvages : pourquoi être contre l'éjointage ?
Vous êtes de ceux qui pensez que les pauvres petits oiseaux souffrent attrocement lorsqu'ils sont éjointés ?
Mon expérience professionnelle a fait que j'ai vu beaucoup de canetons se faire éjointer. On ne leur enlève qu'un petit bout de cartillage et cela ne dure que quelques secondes. Ensuite, le caneton se porte à merveille et n'est pas du tout perturbé par cette intervention.
Quand j'entends parler de "mutilation" ça me fait hurler :les personnes qui utilisent ce terme pour parler de l'éjointage ne savent pas ce que c'est.
A mon avis, un canard gavé pour faire du foie gras souffre plus et plus longtemps...et ces mêmes personnes en mangent avec plaisir sans pour autant hurler au drame...
Je le répète : je souhaite qu'on protège les oiseaux sauvages, un point c'est tout.Et il y a danger à ne pas éjointer... Fred

 

contribution de Sebastien, "Re: dossier cailles: HELP!", 08 Nov 2000

Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

On peut en effet penser que les cailles hybrides, japonaises voire même des cailles des blés pures ont des chances de survie très minces en Europe du Nord, et en particulier en France. Par contre, on observe de plus en plus d'hivernants dans le sud de l'Espagne et au Portugal.

[..]
Si les cailles des blés migratrices qui arrivent en France se reproduisent avec d'autres cailles migratrices, l'ensemble des petits issus de telles couvées seront migrateurs.
Si les cailles des blés migratrices qui arrivent en France se reproduisent avec des cailles sédentaires (japonaises ou hybrides venus des élevages et lâchés au début de la saison de reproduction), une grande partie issu de telles couvées seront sédentaires, et ne pourront pas survivre à la rigueur hivernale. Ainsi, les cailles des blés migratrices venus en France n'auront pas légué leur patrimoine génétique, et en particulier leur impulsion migratoire.
En conclusion, disparition des cailles des blés au Nord, et apparition d'une population hybride dans le sud.

[..]
En ce qui concerne la Caille, on ne dispose pas de données de terrain permettant d'évaluer le degré de pollution actuelle des populations. On sait que des milliers de cailles hybrides et de cailles japonaises sont élevées et relâchées en milieu naturel chaque année. Au contraire de la Perdrix et du Faisan par exemple, on ne dispose pas de données sur la survie des individus relâchés, tout simplement parce que les lâchers de cailles d'élevage sont interdits! On peut penser qu'une grande fraction périt dans les jours suivants les lâchers. Mais sur des centaines de milliers d'individus, on peut penser que certains survivent. Et au contraire de la Perdrix et du Faisan, certains individus pourraient migrer vers des endroits plus favorables comme le sud de l'Espagne. Il y a un moment de distinguer une caille d'élevage d'une caille sauvage. Chez les cailles d'élevage, les trois rémiges les plus externes sont en général abimées (cassure du rachis à l'extrêmité). Les oiseaux s'abiment souvent dans les volières ou les hangars où ils sont stockés. Une enquête a montré que sur 10000 cailles tirées dans les Pyrénées, 10% présentaient cette particularité.

Il est vrai qu'une bonne partie de ces considérations sur l'avenir des populations naturelles est spéculative. Quoique. On s'est rendu compte derniérement que les premiers lâchers de cailles japonaises domestiques en Europe datent du milieu des années 70. Ainsi, ces lâchers ont peut être accéléré les processus de sédentarisation observés dans le sud de l'Europe.
Comment le savoir?
Des prélevements dans les populations naturelles pour effectuer des analyses génétiques pourraient apporter des elements de réponse. Mais cela coûte très cher. Les travaux sur les aptitudes migratoires, les analyses de chants, les expériences de sélectivité des femelles et de dominance entre les mâles que j'ai briévement exposés derbiérement, ont été effectué en laboratoire et en volière. L'obtention d'une bourse pour effectuer de tels travaux a été particuliérement difficile, étant donné les pressions politiques des milieux cynégétiques. La production d'oiseaux de tir est un marché juteux (15F la Caille environ). Il est très facile de s'en procurer, et les publicités affluent chaque année dans les journeaux locaux, sur le net...Que font les organismes normalement compétents pour verbaliser de telles pratiques? Rien! Pourquoi: pour ces mêmes raisons politiques, et parce qu'on attend de voir réellement les dégâts sur les populations pour se pencher sur le problème, comme dans le cas de la Perdrix choukar, enfin interdite depuis peu pour le lâcher en milieu naturel.

La Perdrix rouge
La Perdrix rouge est menacée en Europe par les croisements répétés avec la Perdrix chouckar. Une enquête ONC devrait paraître bientôt.
Il ya différents exemples chez les Batraciens (article d'Haffner (muséum national d'histoire naturelle), 1998 que je ne retrouve pas dans mon fouillis...).
Voir aussi le courrier de la nature spécial réintroductions (mars ou avril 2000), et le site de l'ANCER.
Désolé, je ne peux pas citer beaucoup d'exemples concrets mais il en existe! (je tâcherai de retrouver la pochette ou j'ai stocké une partie de ces documents).

 

contribution de Pierre Leprince, pleprince@ulg.ac.be, "Re: dossier cailles: HELP!", 08 Nov 2000

Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

Le problème est qu'il n'y a pas a proprement parlé de sélection naturelle parce que les lachers d'oiseaux d'élevage sont annuels. Chaque printemps les migrateurs qui reviennent sont confrontés à une nouvelle population d'oiseau d'élevage maintenue artificiellement et dont les gènes "anti-migratoires" prédominent parce que ces oiseaux sont plus performants en terme de reproduction lors des hybridations. Les gènes "pro-migratoires" seraient donc neutralisés dans le pool génétique des hybrides qui sont ensuite éliminés par la chasse ou les rigueurs hivernales. Effectivement on a donc un "génocide" sélectif de certains caractères sauvages.

 

contribution de Philippe.Renard, Philippe.Renard20@wanadoo.fr, "dossier cailles: HELP!", 7 Nov 2000

STOP!
Je ne pige strictement plus RIEN à cette histoire de cailles. Ce débat m'intéresse vivement et m'a appris beaucoup de choses, mais je crois qu'il faut absolument s'en tenir aux faits pour y voir clair.
Les lâchers inconsidérés d'animaux sont une mauvaise chose, pour des raisons écologiques, génétiques et sanitaires. Dans le cas présent, le principal risque semble être une disparition du caractère migratoire de la caille.
Bon.

Alors, questions:

-Si le caractère sédentaire est néfaste, comment les oiseaux (hybrides) qui le présentent pourront-ils être naturellement sélectionnés au point de menacer les populations migratrices (ces dernières échappant d'ailleurs à une partie de la période de chasse), alors que les rigueurs hivernales doivent éliminer ce phénotype?
Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

-La caille européenne étant migratrice (au fait, l'existence d'individus "de souche européenne pure" non migrateurs est-elle ou non une réalité?), on peut effectivement supposer que ce caractère présente un avantage évolutif. Dans ce cas, quel facteur peut empêcher les migrateurs de conserver cet avantage, et à leurs populations de persister - alors, encore une fois, que les autres sont censés être contre-sélectionnés?

-Sans philosopher encore une fois sur l'effet-de-serre-que-nous-sommes-tous-coupables-lamentons-nous-mes-frères, il a été constaté certaines espèces méridionales remontent actuellement vers le Nord (bouscarle, guêpier, héron garde-boeuf, etc...). Le réchauffement sensible de la planète au cours du prochain siècle semble inéluctable, avec pour conséquence des hivers de plus en plus doux. Les "moins migrateurs" des sujets européens ne vont-ils donc pas pouvoir naturellement hiverner dans les zones de nidification, conduisant ainsi à une évolution spontanée du comportement de l'espèce?

-Les suivis génétiques de truites effectués pour mesurer l'efficacité des "repeuplements" (lâchers massifs de poissons de pisciculture) ont établi que ces derniers disparaissaient pratiquement toujours sans laisser la moindre trace, et que les souches naturelles persistent quasi-inchangées, malgré l'incroyable inondation génétique qu'elles subissent. Sait-on si la chose est différente dans le cas des oiseaux?

-On considère que l'introduction d'individus exotico-domestiques constitue une source de pollution génétique dangereuse pour les populations sauvages.
C'est vraisemblable - mais je suis incapable de citer une espèce européenne dans ce cas. Quelqu'un peut-il me donner un exemple avéré, EN PRECISANT LES EFFETS DELETERES OBSERVES SUR L'ESPECE ET L'ESTIMATION DE LA REGRESSION AINSI PROVOQUEE, par pitié ? (Je considère le cas de l'érismature comme à part, car l'érismature rousse n'a à ma connaissance pas été sélectionnée ou croisée en captivité, et ne fait pas l'objet de lâchers intensifs. Quant au colvert, le dynamisme de l'espèce ne semble pas affecté par ses multiples croisements, et de nombreuses espèces européennes ""pures"" sont plus menacées que lui.)

Encore une fois, je m'oppose à la dissémination de bestioles plus ou moins douteuses dans la nature (assez de désastres écologiques ont été provoqués de cette façon), mais la théorie pure ne me suffit pas. J'espère donc que des personnes mieux informées et plus compétentes que moi voudront bien m'éclairer.

 

contribution de Sebastien, "Re: caille japonaise", 07 Nov 2000

Pourquoi les cailles ne pourraient-elles pas vivre dans le sud et meme le centre de la France? Par exemple au Maroc, ou les hivers sont comparables, nous trouvons des cailles sedentaires, alors que le gros de la troupe migre.

Le déclin de la Caille des blés en Europe peut s'expliquer par des changements dans la fréquence des phénotypes migratoires:
- une chute des oiseaux long migrants pour deux raisons: (1) la sécheresse qui sévit au Sahel depuis quatre décennies affecte l'ensemble de l'avifaune migratrice qui hiverne en Afrique, (2) le changement des pratiques agricoles sur les aires de reproduction européenne (épandage d'insecticides...);
- une augmentation des phénotypes moyen migrants et des sédentaires. Le développement de l'irrigation au Maghreb depuis les années 50 est à l'origine d'un enrichissement faunistique et floristique important. Les cailles trouvent des conditions plus favorables pour hiverner et se reproduire. Après les premières couvées en février mars, certains reproducteurs et les jeunes de l'année viennent renforcer les effectifs de reproducteurs (venus de plus loin comme du Sénégal par exemple) en Europe. Il faut noter que la sédentarisation est également constatée en Espagne et au Portugal. Ainsi, si les cailles sédentaires (caille des blés, japonaises ou hybrides) ont des chances minimes de survivre en Europe du Nord, les conditions de l'Europe du sud sont plus propices à leur survie. Si on continue à lacher des cailles japonaises ou des hybrides, on peut craindre la disparition de la Caille des blés dans le nord et le centre de l'Europe, et son remplacement dans le sud par une population hybride majoritairement sédentaire.

Les lâchers de cailles d'élevage ne concernent pour l'instant que l'Europe: France, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Grèce. On peut craindre que les rares hybrides migrateurs véhiculent la pollution jusqu'au Maghreb qui constitue (pour l'instant) le véritable réservoir naturel de la Caille des blés.

 

contribution de Lucette et Gérard, luge@globetrotter.net, "Re: caille japonaise", 6 Nov 2000

Pourquoi les cailles ne pourraient-elles pas vivre dans le sud et meme le centre de la France? Par exemple au Maroc, ou les hivers sont comparables, nous trouvons des cailles sedentaires, alors que le gros de la troupe migre.

 

contribution de David Rousseau, rousseau_A_lal.in2p3.fr, "caille japonaise", 6 Nov 2000

Bon, donc, cela signifierait que les hybrides seraient tres defavorisees et disparaitraient tres rapidement car ne migrant pas. Le probleme ne serait grave que si la proportion de caille europeennes s'hybridant avec des cailles japonaises etaient importantes, car cela reviendrait a les steriliser. Est-ce le cas ?

 

contribution de Sebastien, "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

Le probleme avec les oiseaux d'elevage ce sont les criteres de selections qui different selon le but poursuivi par les eleveurs. Criteres qui n'ont rien a voir avec la selection naturelle.
Pour la caille japonaise un des criteres est d'en faire des petits poulets, elle se nomme alors caille royale, mais elle ne vole plus.
En elevage ces oiseaux ne couvent pas. Qu'en est-il quand elles sont en liberte?
Au Quebec nous avons le cas d'une hybridation naturelle canard colvert x canard noir.
Certains biologistes pensent meme que le canard noir va disparaitre.

Les chasseurs ont sélectionné dans les souches de "cailles de chair" (Caille japonaise domestique) certaines caractéristiques comme l'aptitude au vol, histoire d'en faire un gibier plus agréable à approcher, qui se rapprocherait le plus de la Caille sauvage.
Rappelons qu'en France, l'élevage de la Caille des blés est interdit mais pas celui de la Caille japonaise.
Ils peuvent donc en toute légalité sélectionner des caractéristiques morphologiques et comportementales (comme l'émotivité des oiseaux par exemple). Par contre, ils ne peuvent en aucun cas relâcher ces individus en milieu naturel.

Les cailles japonaises domestiques sont capables de couver leurs oeufs, pour peu qu'on leur laisse de l'espace: une volière avec un couvert végétal léger fait très bien l'affaire. Seule la femelle participe à l'incubation et à l'élevage des jeunes, même si quelques rares observations font état d'une participation des mâles. Ces expériences ont bien entendu été effectuées en milieu semi-naturel (grandes volières).
En ce qui concerne l'hybridation entre le Canard colvert en Amérique avec le Canard noir, il me semble que c'est le même problème, à savoir qu'on a élevé et relâché en masse du Colvert, même si ce dernier était déjà présent avant les lâchers.

 

contribution de Philippe.Renard20, Philippe.Renard20@wanadoo.fr, "Cailles de Toussaint", 6 Nov 2000

Je ne m'attendais pas à déclencher une réaction en disant simplement que la présence d'une caille en France en novembre "n'était pas forcément grave".
En effet, l'observation d'un oiseau isolé n'indique strictement rien de l'abondance et de l'état des populations locales (pas plus que celle d'un bécasseau égaré après une tempête par exemple)-... surtout lorsque les fusils sont de sortie. C'est inquiétant si cet oiseau est un hybride, mais on a déjà observé des cailles isolées apparemment non hybridées à cette période de l'année.(Ajoutons que l'automne a pour l'instant été exceptionnellement doux et que la nourriture est toujours abondante)

Pour ce qui est des érismatures ou des perdrix, il s'agit d'espèces (alloespèces pour les perdrix). Chez les cailles, sauf erreur de ma part, la proximité génétique est sensiblement plus grande puisque C. coturnix et C. japonica semblent former une superespèce (sympatrie des deux formes en Mongolie?) -bien qu'apparemment certains y voient encore deux simples sous-espèces. La différence entre les deux formes est donc faible, et, en se faisant l'avocat du diable, on peut se demander si le péril est vraiment grand. D'autre part, le statut UICN de conservation de l'érismature à tête blanche ("vulnérable", avec 14 000 couples dans le monde) est sensiblement plus alarmant que celui de la caille européenne.

La remarque méfiante exprimée par S. Dumont au sujet de la "pureté de la race" est très judicieuse et j'y adhère sans réserve. Les espèces ne sont pas des entités figées et immortelles (leur durée de vie moyenne est de quelques centaines de milliers d'années -rien du tout à l'échelle de l'évolution). D'autre part, les allèles défavorables éventuellement introduits dans une vaste population sont par définition contre-sélectionnés. Pour ce qui est de la pollution génétique, ce concept et ses conséquences sont effectivement floues (certaines espèces sont vraisemblablement le fruit d'hybridations naturelles)- mais le "principe de précaution" (les internautes français doivent connaître...) exigerait tout de même une surveillance vigilante.

De toute façon, les lâchers intempestifs d'animaux dans des régions dont il ne sont pas originaires-surtout à des fins purement "récréatives"- sont clairement une très mauvaise chose, et pas seulement pour des raisons génétiques.

 

contribution de Sebastien, "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

Oui l'hybridation est une catastrophe! En s'hybridant avec les cailles japonaises d'élevage qui sont sédentaires, les rares long migrateurs qui arrivent encore d'Afrique pour se reproduire en Europe, et en France en particulier, vont produire des hybrides dont une grande majorité sera sédentaire. Sous les latitudes européennes, on peut prévoir qu'une grande partie de ces oiseaux vont périr. Ce qui signifie que le patrimoine génétique des oiseaux long migrants ne survivra pas, et donc adieu la Caille des blés en France!

Il s'agit là des conséquences de l'anthropisation poussée à l'extrême: relâcher dans la nature des milliers d'oiseaux (pour la plupart pas adaptés au milieu et dont une grande partie périra dans les premiers jours de lâchers, ou alimentera les populations de prédateurs comme le Renard par exemple) pour le plaisir de tuer!

Cela témoigne des limites de l'Homme dans la gestion des populations. Je n'ai à aucun moment fait allusion aux hybridations naturelles! Près de 10% des oiseaux s'hybrident en milieu naturel "naturellement". Si la Caille japonaise qui vit encore à l'état sauvage en Asie venait à conquérir l'Europe, il n'y aurait aucune raison "éthique" à s'y opposer! Mon discours n'était certainement pas celui d'un extrêmiste prônant la pureté de la race! Seulement celui d'un amoureux de la nature qui aimerait encore entendre longtemps le chant de la Caille des blés dans les campagnes.

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "Re : Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

En France, les importants lâchers d'oiseaux d'élevage (par millions) sont un facteur d'affaiblissement des souches sauvages, et dans ce cas, il est impossible de dire que ce ne serait pas préjudiciable aux espèces.
Mais j'espère que la France est la seule triste exception? Qu'en est-il au Canada?
Nelly Boutinot
Porte-parole du ROC - Directrice de la Communication
ROC - BP 261 - 02106 SAINT QUENTIN CEDEX
http://www.roc.asso.fr

 

contribution de Serge Dumont, , "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 5 Nov 2000

l'hybridisation n'est pas une catastrophe. Elle signifie que ces oiseaux ne sont pas isoles genetiquement et que des que l'isolement geographique est rompu pour "x" raisons (e.g. changements climatiques sur des milliers d'annees, activites humaines, expansion propre a l'espece, etc.) ces oiseaux reussissent a produire des descendants fertiles.

Pour etre catastrophe, il faut effectivement s'attacher a une conception ou le CARACTERE de l'oiseau, i.e. sa couleur, son chant, ses genes, etc. est plus important a preserver que tout autre chose. En d'autres mots, etre catastrophe revele une perception phylogenetique de l'espece plus qu'autres choses. Je ne verrais pas un adepte de la classification biologique des especes etre aussi mis a mal face aux hybrides...

Par ailleurs, j'avoue me sentir mal a l'aise face a tous ces attachements a la purete genetique...
Chez l'humain, ce concept phylogenetique a ete abandonne pour s'en tenir a la classification biologique de l'espece humaine. La purete genetique chez l'humain rappelle certains debats sociaux sur le racisme, l'eugenisme...
On a eu plusieurs horreurs avec ce concept; e.g. genocides des Tutsis, Juifs, Armeniens, etc. au nom de la "purete genetique ou purete d'une nation"...

Pourquoi ce qui est inacceptable pour l'humain le serait pour la classification des oiseaux?

Je ne peux m'empecher de craindre qu'un jour un tyran de ce monde se base sur la classification des animaux qui est majoritairement phylogenetique pour proposer un nouveau plan de "purete genetique" humaine. Apres tout dirait-il, il est hypocrite de classer l'humain autrement que les autres animaux...

Par ailleurs, le concept de "pollution genetique" me semble tres fort. Comme si cette "pollution" faisait consensus! Comme si cette vision etait la vision absolue du phenomene de l'hybridisation!

D'ou nous viens donc ce concept statique de la vie? La vie est dynamique et l'ADN, les caracteres phylogenetiques des etres vivants changent et changeront que l'on s'en "catastrophe" ou non. C'est aller "contre nature" que de vouloir figer dans le temps les caracteres actuels genetiques ou autres des oiseaux.

Chaque espece animale n'apparait pas sur cette Terre, soudainement et avec tous ses caracteres bien definis et immuables. Le penser c'est se faire Creationniste.

N'y aurait-il pas dans le courant phylogenetique un autre courant assez conservateur, religieux et creationniste? Je me le demande.
Serge Dumont
Lachine, Quebec

 

contribution de Sebastien, "Re:Bresse du Jura", 05 Nov 2000

Bref, une caille en hiver, ce n'est pas forcément anormal, ce n'est pas forcément grave, mais il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir...

Je viens de terminer mon doctorat sur l'hybridation entre la Caille des blés et la Caille japonaise. Ce travail a mis en évidence les risques de pollution génétique des populations naturelles de Caille des blés par les lâchers de cailles d'élevage (travail dirigé par J.-C. Guyomarc'h).
J'aimerais apporter quelques compléments d'information sur ce qui a été évoqué précedemment. Je pense que beaucoup de gens banalisent ces lâchers comme le précedent intervenant: "ce n'est pas forcément grave" même s'il ajoute: "qu'il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir."

Au contraire c'est très grave! Les lâchers d'animaux exotiques ou domestiques ont eu des conséquences désastreuses un peu partout sur le globe, par suite de l'hybridation avec les individus autochtones d'autres espèces proches: l'Erismature rousse en Europe du sud avec l'erismature blanche, la Perdrix choukar qui s'est hybridée avec la Perdrix rouge (on pense d'ailleurs que la population actuelle d'Angleterre est principalement hybride), le Colvert un peu partout dans le monde, sans oublier le fameux "cochonglier" qui a causé de graves préjudices aux agriculteurs français. Depuis longtemps, les lâchers de cailles japonaises domestiques ont été banalisés, en partie sur la base des résultats médiocres d'hybridation artificielle entre la Caille des blés et la Caille japonaise, obtenus par des zoologistes italiens dans les années 60. Au contraire, nous avons montré récemment qu'il était facile de produire des hybrides de différentes générations: F1, F2 et rétrocroisés (parent Caille des blés x parent hybride), aussi viables et féconds que les souches parentales. Mais les éleveurs de "cailles de tir" n'ont pas attendu ces résultats scientifiques pour produire des hybrides! Cette technique est couramment utilisée depuis le début des années 90, sans doute pour améliorer les qualités de vol des oiseaux relâchés.

Il faut rappeler au passage que les lâchers de cailles sont totalement interdits. L'élevage de la Caille des blés est interdit en France, mais pas celui de la Caille japonaise. Celle-ci est considérée comme animal domestique et ne peut être abattu que dans des abattoirs, et en aucun cas en milieu naturel. Il faut également rappeler que les deux espèces (ou sous espèces) sont très difficiles à distinguer morphologiquement. Le seul critère fiable est le chant des mâles ("déterminé génétiquement" au contraire des oiseaux chanteurs qui ont besoin d'entendre d'autres congénères pour apprendre à chanter). Les hybrides produisent des chants intermédiaires entre les chants des deux espèces.

Les risques d'hybridation sont réels sur le terrain car si la plupart des chasseurs relâchent ces oiseaux d'élevage quelques jours voire le matin même de la chasse, certains avouent tenter des "repeuplements" par des lâchers en début de saison de reproduction. Même si les femelles de Caille des blés présentent une sélectivité relative pour les mâles de leur propre espèce (réponse vocale à des chants de Caille des blés, de Caille japonaise et d'hybrides), les femelles de Caille japonaise ne sont pas sélectives du tout, sans doute une conséquence de la domestication (affaiblissement de la selection sexuelle des femelles car depuis des centaines de générations, c'est l'Homme qui forme les couples!). De plus, certains éleveurs sélectionnent chez leurs "cailles de tir" des critères de "nervosité" afin de produire un gibier "plus agréable à tirer" pour les chasseurs. Nous avons montré dans une expérience (en milieu semi naturel, je vous rassure!) que des mâles (hybrides) issus d'un de ces élevages dominent très nettement les mâles de Caille des blés, en présence d'une femelle.

Si la Caille des blés qui vient se reproduire en France est migratrice, la Caille japonaise a perdu toute impulsion migratoire, par suite de la domestication. On a montré en laboratoire (avec des enregistrements d'activité) qu'une faible proportion d'hybrides de 1ère génération présente une impulsion migratoire. Ainsi, si les rares migrateurs qui arrivent encore en France se reproduisent avec ces cailles d'élevage, il y a beaucoup de chances pour que leurs petits ne soient pas migrateurs, restent sur les aires de reproduction, et finissent par périr durant l'hiver. Ces hybrides pourraient trouver des conditions plus propices à leur survie en Europe du sud (Espagne, Portugal) où les effectifs d'hivernants augmentent chaque année. De même, les rares hybrides migrateurs pourraient véhiculer la pollution jusqu'au Maghreb qui constitue le réservoir naturel actuel de la Caille des blés.

Si certains éleveurs et chasseurs ne produisent et relâchent que quelques individus par ci par là, c'est par milliers que certains élevages industriels les produisent. J'ai appris derniérement que 50000 "cailles de tir" produites par un éleveur italien ont servi à alimenter les réseaux de chasseurs espagnols.

Ces lâchers de cailles d'élevage sont banalisés depuis leur origine par l'ensemble de la communauté européenne. Les rapports scientifiques qui font état de ces risques réels de pollution génétique feront peut être avancer les choses.

Peut être que d'ici une vingtaine d'années (le temps qu'on a attendu pour interdire les lâchers de Perdrix Choukar, après s'être rendu compte des risques que faisaient courir de telles pratiques aux populations autochtones de Perdrix rouge), des dispositions seront prises, mais il sera sans doute trop tard....

J'espère vous avoir convaincu que la situation est beaucoup plus grave qu'on ne le pense en général. J'ai tenté ici de résumer cette situation en quelques lignes, aussi n'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de précisions! Je suis également intéréssé par tout témoignage sur des observations de Caille des blés (mais aussi japonaises et hybrides) en milieu naturel.

 

contribution de Philippe.Renard20, "Re: Bresse du Jura", 5 Nov 2000

Berf, une caille en hiver, ce n'est pas forcément anormal, ce n'est pas forcément grave, mais il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir...

L'Atlas des oiseaux de France en hiver (1977-1981) ne mentionne pas la caille des blés comme hivernante régulière. P. 540-541, Guyomarc'h indique qu'elle a été notée "plusieurs fois, principalement en décembre, dans les Deux-Sèvres, la Haute-Garonne et l'Ariège d'une part, dans l'Ardèche, le Gard et la Corse d'autre part, et exceptionnellement ailleurs dans le tiers SO de la France." Concernant le détermnisme du caractère migratoire, "certaines, observées en novembre, sont probablement des migratrices tardives, comme l'indique le niveau d'accumulation de lipides constaté [...]; d'autres ne l'ont pas [...]. Il existe en effet une variabilité [...] naturelle considérable dans la tendance migratoire des descendants de parents longs migrateurs. Jusqu'à 5% d'entre eux peuvent n'exprimer aucun caractère migratoire dans leur premier automne: ni accumulation lipidique ni activité nocturne".

Dans l'Atlas des Oiseaux nicheurs 1985-1989, le même auteur signale une forte régression des populations migratrices de cet oiseau. Parmi les raisons évoquées "les éleveurs professionnels recherchent actuellement à créer des lignées hybrides qui échapperaient à la législation en vigueur, programmant à court terme la fin des cailles migratrices au long cours". Les lâchers "[...] sont très dangereux par les risques réels de pollution génétique qu'ils engendrent quans ces cailles, qui sont toujours d'origine asiatique, sont introduites inconsidéreément en été sur les territoires de reproduction de la caille européenne." (Situation il y a 8 à 10 ans donc). Enfin, le rapport Lefeuvre (1998) signale "une très importante dérive génétique" causée par l'hybridation avec des individus de la sous-espèce Japonica, lachés pour le tir, et sa manifestant entre autres par une "[...] perte plus ou moins importante de l'aptitude à la migration des sujets hybrides."

 

contribution de Cyrille Deliry, Deliryc64@aol.com, "Re: Bresse du Jura", 5 Nov 2000

Ainsi, 1 Caille des blés était présente sur une digue de cette dernière en fin d'après-midi du 4 novembre !
Y a-t-il des dates aussi tardive à la même latitude ailleur en France ?

Sur mon site dans la partie Histoire des Oiseaux de l'Isère à http://www.deliry.com/birds/tet.html (page des Gallinacés), j'ai écrit...
"On parlait jadis de Cailles d'hiver!...Une caille a été tuée le 2/1/1966 à Bougé-Chambalud (presse) et OLPHE-GALLIARD (1891) signale qu'elle était parfois tuée en XI dans la région lyonnaise.
Au sujet du passage d'automne, la migration normale commençait autrefois vers le 15/9 comme en témoigne cette remarque du docteur Château qui les considère comme plus précoce en 1925 (20-25/8) (bull.BioClub, n°68). Nous n'avons pas de donnée automnale récente hormis une reprise au passage d'automne 1966 d'un oiseau bagué en Italie."
Cyrille Deliry (Morestel - 38 / France)
Site du Grand Père Soulcie

 

contribution de terran pierre, terranpi@club-internet.fr, " Re:Mutilations ?", 30 Sep 2000

Re réponse à Nellly.
Complètement d'accord. Les appelants des chasseurs sont rarement détenus sur de grandes surfaces. Certains n'ont même qu'une vague cuvette pour se baigner, mais que faire ?

Quant à dire que les espèces en danger destinées à la réintroduction ne proviennent jamais d'élevage de particuliers il faut être plus nuancé.

Par exemple, le responsable du parc de Clères, qui s'occupe de la réintroduction du faisan d' Edwards au Vietnam, parcourt les élevages Européens pour étudier les différentes lignées et garder le maximum de variabilité génétique. Son action consiste à trier les bons ADN parmi tous les élevages, particuliers ou autres, afin de ne réintroduire que des sujets valables. Bien sur que les particuliers ne se mèlent pas de réintroduire eux-même, et heureusement ! Mais leur ensemble constitue un réservoir à la disposition des scientifiques.

Autre exemple, Le Wildfowl & Wetlands Trust, en Angleterre, n'hésite pas à confier à des éleveurs particuliers hyper spécialisés, certaines espèces dont l'élevage est très pointu. Autre avantage des élevages de particulier, c'est leur dissémination, qui protège des conséquences d'une éventuelle épizootie.

Et puis, l'élevage en captivité, devenu accessible à un grand nombre gràce à une certaine vulgarisation des progrès techniques, permet justement de protéger les espèces sauvages en limitant, voir, à terme, en supprimant les prélèvements dans la nature.

Il est loin le temps où l'amant de Lady Chatterley devait chercher des oeufs de fourmi pour nourrir ses faisandeaux...

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "Re:Mutilations ?", 28 Sep 2000

Je connais beaucoup d'appelants captifs: aucun ne reste dans de "grandes surfaces" en dehors de l'utilisation pour appeler les congénères, de nuit. Et comme ils sont alors attachés par la patte, la surface qu'ils peuvent utiliser est un cercle ayant pour rayon la longueur de l'attache! La réintroduction dans la nature d'espèces en danger ne provient jamais des élevages de particuliers. L'élevage pour la réintroduction a des impératifs qui ne sont pas ceux des élevages commerciaux, ou d'ornement.

 

contribution de Duchemin, cvdw@cybercable.tm.fr, "Re:Mutilations ?", 23 Sep 2000

Contre l'éjointage:
A ceci près que c'est irréversible... Souvenez-vous de ces malheureuses Bernaches nonnette hivernant en Brière...Voyez le guide (vert) des oiseaux chez "Solar", superbe (!) colvert éjointé. C'est une honte.
Pour maintenant, j'ai vu dans mon paté de maisons une Callopsitte grise perdue et, perchée sur la flêche d'une grue de travaux public (pas cendrée), crier son désespoir. Condamnée à périr faute d'alimentation qu'elle n'a jamais eue l'habitude de chercher...Condamnée pour condamnée...? Entre mourir de "sa belle mort" en cage ou crever misérablement dans la nature, qu'est-ce qui est le mieux?

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "Re : Re Mutilations ?", 23 Sep 2000

Je souhaiterais recevoir le texte qui obligerait à éjointer les erismatures rousses dans les élevages.
J'ai aussi connaissance d'éjointages avec hémorragie et cautérisation horrible

J'ai la certitude de tailles de rémiges correctement effectuées, mais incontestablement, cela dépend de la personne qui l'effectue.
La sensibilité n'est pas la chose au monde la mieux partagée (je préfère la sensibilité à la cruauté mais il faut certainement la tempérer par la raison; tempérer la cruauté ne suffirait pas: il faudrait l'éradiquer).
Les dispersions de gènes sont le cas, par ex dans les lâchers de colverts par milliers,voire millions, et c'est sans commune mesure avec les appelants qui s'échappent.
Nelly Boutinot
Porte-parole du ROC - Directrice de la Communication

 

contribution de pierre terran, terranpi@club-internet.fr, "Re Mutilations ?", 22 Sep 2000

Si on coupe les rémiges d'un anatidé, elles ne repoussent qu'après la mue, qui en général a lieu pendant l'été suivant. Or, à la repousse des plumes, il y a une période critique, pendant laquelle les tuyaux sont gorgés de sang ; les couper à ce moment là peut entraîner de graves hémorragies. Le moment favorable à cette opération est finalement assez bref, il est très fréquent d'arriver trop tard.
Très souvent, le chasseur arrive avec ses ciseaux et au moment de saisir l'oiseau, celui-ci s'envole pour ne jamais revenir.
Et va pour la grande distribution de gènes, bactéries, mycoplasmes et autres virus !

Par ailleurs, qu'est-ce qu'une mutilation ? C'est la perte totale ou partielle d'un membre. (Avec comme corollaire la perte de la fonction exercée par ce membre)
Dans le cas de l'éjointage, le plus grave n'est pas la mutilation en elle-même, mais bien la perte de la possibilité de voler.
Pourquoi donc crier haro sur l'éjointage, alors que la taille des rémiges a le même corollaire !

Les âmes sensibles vont dire que l'opération d'éjointage elle-même génère une souffrance. J'ai été témoin de cette opération sur des canetons de 2 jours. La souffrance ne se quantifie pas, mais tout ce que je peux dire, c'est que les canetons reprenaient leur activité normale dans la minute qui suivait. En tous cas, ils manifestaient nettement moins de souffrance qu'un bébé au moment de sa circoncision.

Pour passer à un exemple plus concret, l'Erismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) est en bien mauvaise posture dans son biotope naturel, face aux assauts de l'Erismature rousse (Oxyura jamaicensis) Ce problème, qui monopolise des centaines de personnes, n'existerait pas si l'éjointage des E. R. avait été préconisé en Angleterre. Maintenant, en France, les éleveurs français sont dissuadés d'élever des Erimatures rousses, mais s'ils en élèvent, ils sont tenus de les éjointer.
Les E.R. seraient-ils moins " égaux " que d'autres anatidés ?
Rappelons qu'actuellement, dans les pays qui nous entourent, l'éjointage est autorisé.

Je ne suis donc pas sur qu'à long terme, le recours gagné par le ROC soit un plus

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "canards américains ?", 21 Sep 2000

Pour réponse la coupe des rémiges empêche tout aussi bien l'envol des appelants.
L'éjointage est une mutilation interdite: le ROC n'apprécie pas les mauvais traitements à animaux.

Le recours du ROC contre une circulaire ONC permettant l'éjointage ne faisait que demander l'application d'un texte d'interdiction de mutilation.

Le ROC n'est donc pas à l'origine de l'interdiction mais à l'origine du respect de l'interdiction par l'ONC qui en prenait à son aise avec les textes.
Quant aux recours à porter, nous en avons fait plusieurs centaines contre des arrêtés préfectoraux trop favorables aux chasseurs d'oiseaux migrateurs, des dizaines devant le Conseil d'Etat (arrêtés ministériels d'ouverture anticipée); et nous continuons ce travail avec nos avocats.

Enfin, si le code rural interdit les appelants, il prévoit les dérogations.
De plus, on ne peut porter un recours que dans des cas très précis et dans ce cas, il n'y a pas de possibilité. La stratégie suggérée n'est pas la bonne.
Désolée! Et d'ici à ce qu'on interdise les dérogations; il faudrait que le ROC devienne encore beaucoup plus puissant: les rapports de force le nécessiterait!
Cependant le ROC étudie toujours les suggestions collectées et en reste Nelly Boutinot
Porte-parole du ROC - Directrice de la Communication
ROC - BP 261 - 02106 SAINT QUENTIN CEDEX

 

contribution de pierre terran, terranpi@club-internet.fr, "canards américains ?", 21 Sep 2000

Tu as raison Nelly, " les colverts peuvent être utilisés comme appelant depuis bien avant 1998..".
En fait ces appelants n'ont de colvert que le nom, et quelquefois vaguement la livrée. En effet, pour fabriquer des voix de canard qui soient à la fois puissantes et enjôleuses, des éleveurs ont croisé ces déjà pseudo colverts avec des races domestiques : (Rouen, Duclair..) Il y a toute une terminologie spécialisée pour nommer les différents cris des appelants résultants : (Amassoire, long-cri, court-cri, demi-cri, pleureuse, mitraillette...) Ne parlons pas bien sur de leur pureté génétique.

Pour éviter que ces "crooner" ne s'échappent, les chasseurs préfèrent les éjointer. Si un canard éjointé arrive malgré tout à se faire la belle, il est assez rapidement victime d'un prédateur, et ne risque donc pas d'être à l'origine de pollution génétique. (Triste fin pour un Caruso)
Il en va autrement des appelants de plein vol, qui, chanteur de charme volant ou angélique Madona, n'ont de cesse que de distribuer leurs gènes....généreusement (pourquoi se gêner ?) d'autant que la réputation d'ardeur sexuelle des canards genre colvert est bien connue.

Je viens donc d'apprendre, par le message de Nelly que le ROC est à l'origine de l'interdiction d'éjointer, donc d'une cause possible de pollution.
Je suis bien conscient que le ROC a pour vocation de faire le maximum pour gêner les chasseurs. Pourquoi n'intente-t-il pas un recours en conseil d'Etat pour faire respecter le code rural (qui interdit l'usage d'appelants vivants) ?
Je serais plutôt pour la plupart des idées du ROC, mais concernant le problème de l'éjointage, je serais plutôt pour le rendre obligatoire.

Par ailleurs, Nelly, tu confirmes n'avoir jamais vu de "canards américains" devant les huttes.
Et bien je peux te dire que la Sarcelle du Chili était très employée, et je puis même t'assurer que dans certains départements elle est encore utilisée actuellement.
Mais je ne suis pas du genre à balancer !

pierre terran (je ne suis pas chasseur, loin s'en faut)

 

contribution de jean-luc saint-marc, jlsm_A_club-internet.fr, "Re:] canards américains ?", 21 Sep 2000

Hum, hum.
Dans le sens de "la pollution génétique", pour reprendre les termes du message originel : OUI ! (amha)

 

contribution de Lucette et Gérard, luge@globetrotter.net, "Re: canards améri", 21 Sep 2000

Constater que les chasseurs n'ont pas peur de balancer leurs ordures dans la nature est un triste constat, aussi loin qu'il leur en souvienne...

Alors comme ca nos canards sont des ordures ;-))))

 

contribution de jean-luc saint-marc, jlsm_A_club-internet.fr, "Re: canards américains ?", 21 Sep 2000

les huttes nous n'avons jamais vu de "canards américains", mais toujours des colverts, aussi loin qu'il nous en souvienne dans le passé.

Une chose est sûre les canards amerlots sont bien présents, libres de sauter nos sarcelles des jours longs, à se pavaner dans les réserves naturelles...
L'hypothèse argumentée de Pierre est loin d'être sotte.

Constater que les chasseurs n'ont pas peur de balancer leurs ordures dans la nature est un triste constat, aussi loin qu'il leur en souvienne...
jean-luc saint-marc
Clamart
Hauts-de-Seine

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "Re: canards américains",

Même si le code rural stipule que l'usage des appelants vivants ou artificiels est interdit, comme toujours il y a des exceptions en particulier pour la chasse des oiseaux de passage et du "gibier d'eau": Les oiseaux d'eau indigènes peuvent être utilisés comme appelants depuis bien avant 1998, en particulier le canard colvert: c'est le ministre qui en autorise l'emploi(la liste peut varier d'un département à l'autre). Devant les huttes nous n'avons jamais vu de "canards américains", mais toujours des colverts, aussi loin qu'il nous en souvienne dans le passé. Je me permets de signaler que leur éjointage est interdit (recours gagné par le ROC devant le Conseil d'Etat à l'encontre d'une circulaire de l'ONC qui l'autorisait); SEULE LA TAILLE DES RÉMIGES EST AUTORISÉE
Nelly Boutinot
Porte-parole du ROC - Directrice de la Communication

 

contribution de pierre terran, terranpi@club-internet.fr, "Re:canards américains ?", 20 Sep 2000

=> / Sarcelle à bec jaune / Anas Flavirostris :
=> / Canard des Bahamas / Anas bahamensis

Jusqu'en 1998 (?) les chasseurs à la hutte au gibier d'eau n'étaient pas autorisés à utiliser des canards indigènes comme appelant.
Ils se servaient donc de canards étrangers au paléarctique, qui avaient des cris similaires : Siffleurs d'Amérique (Anas americana), Siffleur du Chili (Anas Sibilatrix), ect...et surtout Sarcelle du Chili (Anas Flavirostris) dont le cri ressemble fort à celui de notre sarcelle d'hiver (Anas crecca crecca)

Vers 1998, l'Office national de la chasse fait un virage à 180° : Les canards indigènes au paléarctique deviennent autorisés comme appelant, tous les autres deviennent interdits. (Sous peine d'amendes).

Les chasseurs n'ont pas été mécontents de cette décision car rien n'appelle mieux une sarcelle d'hiver qu'une autre sarcelle d'hiver. Ils se sont donc empressé de s'en procurer.
Mais que faire des Sarcelles du Chili ? Pour ne pas s'exposer à des sanctions, certains chasseurs les ont simplement relaché dans la nature.. ( soit dit en passant, la Sarcelle du Chili est parfaitement adaptée à notre climat, et s'hybride volontiers avec la sarcelle d'hiver)

Quelle est l'origine de ce virage de l'ONC ? Je l'ignore.
Peut-être pour éviter la pollution génétique !

 

contribution de Philippe RENARD, Philippe.Renard20@wanadoo.fr, "Au sujet de la polltuion génétique", 02 Sep 2000

Un petit addendum au débat sur la domestication et la pollution génétique par des individus échappés... Le processus de domestication, mené sur des générations, correspond en fait à une sélection des individus les mieux adaptés aux conditions artificielles d'élevage c'est à dire, au niveau du groupe, à la sélection des allèles (formes des gènes) les plus favorables dans les conditions en question. Konrad Lorenz a d'ailleurs montré que le processus de domestication s'accompagnait généralement de modifications anatomo-morphologiques (cerveau plus petit, silhouette plus lourde, persistance decaractères juvéniles, etc...), très visible chez l'oie de Toulouse (forme domestique de l'oie cendrée) par exemple - CECI N'ETANT VALABLE QUE POUR UNE DOMESTICATION MENEE SUR DE NOMBREUSES GENERATIONS.

Lorsque de tels individus retournent à la vie sauvage et réussissent à survivre, ils sont généralement désavantagés, justement parce qu'ils sont adaptés à des conditions de vie artificielles. La conséquence sera, s'ils réussissent à se reproduire, la diffusion chez les populations naturelles d'allèles défavorables qui provoqueront une surmortalité des descendants, une vulnérabilté accrue aux prédateurs, une tendance à la dépendance vis-à-vis de l'homme, etc... La population naturelle qui accueille de tels arrivants est donc polluée et défavorisée, même si cette pollution génétique se dilue et disparaît d'elle -même (à condition de n'être pas entretenue).

Quant à la part d'acquis du comportement, elle est soit rapidement fatale soit insignifiante. Elle a été évoquée -en plus de la génétique-pour expliquer les fiascos des "repeuplements" en truites de piscicultures, qui disparaissent généralement très vite sans laisser de trace, faute de savoir se maintenir dans un courant, défendre un territoire, chercher leur nourriture, etc.

Quoi qu'il en soit, des individus captifs depuis quelques générations seulement sont généralement capables de faire souche en milieu favorable: ils ne s'agit pas là d'animaux domestiqués au sens biologique du terme.

 

contribution de Duchemin, cvdw@cybercable.tm.fr, "Re: échappé de captivité ou sauvage : débat", 31 Aug 2000

Fin juillet, à Audenge (33), j'ai observé séparément deux mâles de canard pilet en plumage d'éclipse, le premier avait encore ses rémiges, le second non. Au Teich, hors parc ornitho, séparément encore un mâle de Fuligule milouin et une femelle, elle sans rémiges. Sur le bassin, une Bernache cravant.
Echappés ou sauvages?
Les pilets étaient camouflés dans la végétation des rives et plutôt peu confiants (200m). La rencontre de Mme milouin au détour d'un chemin lui a procuré beaucoup d'émotion, se dressant sur ses pattes et battant de ses pauvres ailes déplumées...
La Bernache s'est laissé admirer à environ 150m. Confiante mais prudente quand même...

 

contribution de Daniel H, danielh@loginnovation.com, "Re: Captifs, d'ornement ou echappes de captivite...", 31 Aug 2000

Au Québec depuis quelques années nous observons des comportements semblables. Certaines bernaches qui normalement passent l'hiver dans le sud des États-Unis et l'été dans le grand nord deviennent sédentaires. Elles demeurent toute l'année près des cours d'eau qui ne gèlent pas parce que le courant y est très fort ou qu'une source de chaleur (industrielle par exemple) empêche l'eau de geler. Les hivers depuis une dizaine d'année sont également moins rudes, la neige arrive plus tard dans la saison et fond plus tôt au printemps. Évidemment avec cette saison écourtée, il s'en accumule

 

contribution de Philippe Schepens, "Re: Captifs, d'ornement ou echappes de captivite...", 31 Aug 2000

Des bernaches du Canada à l'origine cantonnées sur la Flandre colonisent des zones humides en Wallonie

la Bernache du canada est , en Région flamande la plus nombreuse en Flandre orientale (région autour de Gand surtout), mais se répand par ici (Flandre maritime) également. Nous abvopns une population d'une 20aine d'exmplaires au Nord-ouest de Bruges depuis 2 ans. l'oie du Nil (qui en fait devrait s'appeler le tadorne du Nil, étant plus proche des tadornes que des oies) s'implante lentement aussi par ici.
la perruche à collier par contre n'est qu'occasionnelle. Le casarca rare, la bernache nonnette également.

Par contre les aigrettes (vraiment sauvages ) sont devenues des visiteurs réguliers, car ces magnifiques échassiers nichent en petites colonies en Hollande. Or comme la région des Polders flamands est le prolongement du biotope hollandais, on retrouve ces vagabonds jusqu'ici. J'en ai déjà obervé plusieurs cet été.

nous avons une appelation d'origine incontrôlée pour qualifier les anatidés d'origine ou de croisements douteux : les canards casseroles.

C'est traduit du néerlandais "soep-eenden" (= canards pour le soupe!). Cette expression est déjà utilisée depuis longtemps en Hollande.

Une des questions sous-jacentes que l'on est en droit de se poser est de savoir si l'extension de ce type de populations n'est pas par trop défavorable à la biodiversité (bernaches ou ouettes chassant des zones humides d'autres anatidés réellement sauvages)...

Difficile à dire car, l'accent mis par les organisations de réserves naturelles sur l'achat de marécages est profitable à tous les anatidés. Ce qui fait qu'on se rend mal compte des interactions. Philippe SCHEPENS Leader of Bird Ringing Group nr 15 ("Zeebrugge") of the Bird ringing scheme of the Royal Belgian Institute for Natural Sciences

 

contribution de Pierre-Yves Bodart, bodart_py@hotmail.com, "Captifs, d'ornement ou echappes de captivite...", 31 Aug 2000

Par un curieux hasard (par rapport au débat en cours), j'ai observé pas plus tard que le dernier week-end en deux lieux semi-naturels de la région bruxelloise (Tervueren & le Jardin botanique national à Meise) de nombreuses espèces qui entrent dans les catégories pré-citées en titre.

A Tervueren, un tadorne casarca et une douzaine d'ouettes d'Egypte...sans oublier quelques immanquables perruches à collier (forcément, avec une population bruxelloise estimée à plus de 4000 individus...on en rencontre 'à tous les coins de rue').

A Meise, des oies rieuses, des ouettes encore et des bernaches nonettes...plus une pléthore de colverts à plumages 'dégénérés'.

Curieux spectacle que de voir au sein d'un parc botanique un vol de bernaches nonettes digne d'une sortie hivernale zélandaise.

On constate sur la Belgique au moins deux phénomènes :

(a) Des bernaches du Canada à l'origine cantonnées sur la Flandre colonisent des zones humides en Wallonie et y font souche (se reproduisent).

(b) Les populations d'ouettes d'Egypte accroissent de façon analogue leur zone de répartition. Très présente sur Bruxelles et en Brabant Flamand, l'espèce devient plus qu'occasionelle vers le reste du pays. Il a même été établi qu'il y avait des échanges quasi-journaliers avec des populations d'ouettes situées au sud des Pays-Bas (Zélande).

Tiens à propos, nous avons une appelation d'origine incontrôlée pour qualifier les anatidés d'origine ou de croisements douteux : les canards casseroles.

Une des questions sous-jacentes que l'on est en droit de se poser est de savoir si l'extension de ce type de populations n'est pas par trop défavorable à la biodiversité (bernaches ou ouettes chassant des zones humides d'autres anatidés réellement sauvages)...

 

contribution de Duchemin, cvdw@cybercable.tm.fr, "Re: échappé de captivité ou sauvage : débat", 30 Aug 2000

Nelly Boutinot a écrit :".. difficile de différencier à coup sûr.."

Pour animer le débat....
Est "sauvage" ce qui n'est pas apprivoisé ...ou encore domestiqué.

Les éleveurs de chiens vous diront qu'en sélectionnant leurs reproducteurs, ils renforcent les caractères d'une race canine... Trois remarques:
Pour ce qui est des colvert, je me demande si la domestication n'est pas liée à l'acquis et ne serait pas transmise génétiquement. Des issus d'apprivoisés élevés "sauvagement" sont "sauvages"...
Morphologiquement, des oiseaux "abâtardis" sont plus souvent nourris à terre et doivent avoir des pattes plus épaisses et des déformations dues à une moindre variété alimentaire. La finesse des pattes et les ongles des palmipèdes réellement liés aux milieux aquatiques doivent bien être repérés par les bagueurs...
Les canards "hollandais" batifolent joyeusement depuis longtemps avec leurs congénères des basses-cours locales...et présentent des caractères de sauvagerie parfaits mais des plumages qui s'éloignent fortement des dessins du Peterson...L'adjectif "dégénéré" est parfois utilisé pour les qualifier.
Mon cher Congénère, êtes-vous dégénéré ou non? Comme c'est bizarre...

 

contribution de Pierre-Yves Bodart., bodart_py@hotmail.com, "Grande outarde (Otis Tarda) - & Outarde canepetière (Tetrax tetrax)", 28 Mar 2000

Pour faire rebondir le sermon initié par le Père René Legrand (sic), en terme de liens entre protection des milieux et protection des espèces, et pour enrichir un débat qui semble plaire à de nombreux abonnés...permettez-moi de vous livrer quelques infos & adresses...concernant spécifiquement la problématique outarde(s) . Désolé pour les non multi-lingues, les deux articles les plus intéressants sont en anglais...
http://www.uh.cz/etours/images/bustard.htm
http://www.anaconda-2.net/lezard/291220.html

De la lecture...labellisée LPO.
http://perso.wanadoo.fr/g-artnature/artbg_html/outarde.htm

Programme espagnol (en anglais dans le texte)
http://www.stir.ac.uk/envsci/Bustard/bustard.html

Conservation de la nature & transhumance (anglais aussi).
http://nodo50.ix.apc.org/aedenat/natural/vias/2001e.htm

 

contribution de p.r.legrand, p.r.legrand@infonie.fr, "Le livre noir des oiseaux menacés", 28 Mar 2000

Catherine Laplagne wrote:
Je pense surtout à des oiseaux comme l'outarde canepetière ;
De plus savants que moi vous répondront sans doute sur le bien fondé de votre idée (quoique pour voir ces satanés faisans traverser les routes et venir quasiment picorer dans nos mains.... )

Ceci a déjà été fait, notamment pour le Vautour fauve. Pour cette espèce, ce fut long, difficile, mais le contexte le permettait. Et ce fut une superbe réussite.
On peut penser aussi à la Cigogne blanche en Alsace, bien que pour cet exemple-là les méthodes employées aient été l'objet de pas mal de critiques, selon moi pour la plupart fondées.
La réintroduction est donc une possibilité, pour CERTAINES espèces.

Je pense surtout à des oiseaux comme l'outarde canepetière ;

La problématique de la sauvegarde de l'Outarde canepetière n'est en rien comparable avec la "gestion" du Faisan de Colchide (espèce originellement exotique, du reste). Ces deux espèces n'ont absolument pas les mêmes exigences biologiques, en particulier quant à leur habitat. Le Faisan se contente de peu, et on en lâche chaque année des quantités d'individus dans la "nature" (= dans la campagne) ; ceux qui ne sont pas tirés dans les jours qui suivent survivent en grande partie grâce à l'agrainage - les dévoués chasseurs déversent des seaux de graines à leur intention.
Surtout, il y a une très grande différence entre ces deux espèces quant à la qualité des milieux où elles peuvent survivre.

Il faut avant tout se poser la question des causes de la régression des effectifs, véritablement catastrophique pour certaines espèces. Ces causes sont multiples et très souvent se combinent : disparition des milieux authentiquement naturels (roselières, pour ne citer qu'un exemple), gestion des milieux (dont les pratiques agricoles actuelles - problème des fauches de plus en plus précoces pour le Râle des genêts par exemple), remembrement (disparition des arbres creux où niche la Chouette chevêche), utilisation des pesticides (une des raisons majeures du déclin de la Pie-grièche grise), chasse à des périodes de l'année où une gestion raisonnée imposerait qu'on ne tire pas (durant le retour printanier des migrateurs, puis lorsque la nidification n'est pas terminée), dérangements divers (dont ceux occasionnés sur les espèces protégées par la chasse aux autres espèces), urbanisation (voir par exemple l'état du littoral méditerranéen en France), pollutions (les égoûts à ciel ouvert ne conviennent pas au Cincle plongeur...), etc. Je ne vous apprends rien ; c'est la litanie lamentable des dernières décennies, tellement entendue qu'on s'y habituerait presque (?).

Alors, supposons qu'on parvienne à faire se reproduire en captivité tout ou partie des espèces dont le statut actuel et futur est notoirement inquiétant : si c'est pour les relâcher dans les mêmes espaces où elles ont périclité, si c'est pour les exposer aux mêmes problèmes de survie qui ont causé leur déclin voire leur extinction, à quoi bon ?

L'avenir des espèces est lié à celui des espaces, et c'est en protégeant la diversité des habitats qu'on garantira une biodiversité nécessaire à la survie d'une grande variété d'espèces (je sais, c'est pas loin de la tautologie, ce que je viens d'écrire ; mais il est des évidences très évidentes dont il est évident qu'on ne veut pas apprécier l'évidence). S'il y a de l'énergie, de l'argent, de l'espoir, c'est d'abord à la survie des écosystèmes qu'il faut les employer ; et on sauvera ce faisant (et cette Outarde) les espèces pour lesquelles il n'est pas encore tout à fait trop tard.

Voilà, c'était mon sermon du jour ;o)

 

réponse de Edith Armange, armange_@_club-internet.fr, "Le livre noir des oiseaux menacés", 28 Mar 2000

Catherine Laplagne wrote:
Je pense surtout à des oiseaux comme l'outarde canepetière ;
De plus savants que moi vous répondront sans doute sur le bien fondé de votre idée (quoique pour voir ces satanés faisans traverser les routes et venir quasiment picorer dans nos mains.... )

Pour l'outarde, le problème vient de la disparition des milieux où elle se reproduit : il lui faut des petites zones de culture, alternant des végétations de niveaux différents, etc. Ce qui n'est pas compatible avec la taille des engins agricoles utilisés depuis quelques décennies. Le programme LIFE Outarde permet de conserver des îlots où elles viennent se reproduire, mais ce ne sont que des oasis, perdus dans des mers de monoculture.

Enfin, j'en ai quand même vu trois hier, dans un autre secteur que la zone Life, alors tout n'est pas encore perdu !

 

réponse de N.G.Chaline, N.G.Chaline@sheffield.ac.uk, "Le livre noir des oiseaux menacés", 28 Mar 2000

Je pense surtout à des oiseaux comme l'outarde canepetière ; quand je vois le nombre de faisans par ici qui survivent à la période de chasse et prospèrent très naturellement tout le reste de l'année, pour quoi ne pas utiliser les mêmes méthodes que les chasseurs dans un but plus louable ?

Une tentative a ete faite pour reintroduire l'outarde dans le norfolk et suffolk en Grande Bretagne (elle n'a pas reussie, du fait d'un nombre insuffisant d'oiseaux qui n'ont jamais reussi a s'etablir et a nicher plus la predation...). Un nouveau programme est en place concernant un nombre superieur d'oiseaux avec acclimatation puis lacher, etc... qui espere voir des oiseaux etabli vers 2010. Je ne suis pas certain des details, il y a un article dans birdwatch de novembre 1999.

 

question de Catherine Laplagne, claplagne@calva.net, "Le livre noir des oiseaux menacés", 27 Mar 2000

Cette question est peut-être naïve mais est-ce que certaines espèces d'oiseaux menacées ne pourraient pas être élevées et relâchées/réimplantées assez facilement ?

Je pense surtout à des oiseaux comme l'outarde canepetière ; quand je vois le nombre de faisans par ici qui survivent à la période de chasse et prospèrent très naturellement tout le reste de l'année, pour quoi ne pas utiliser les mêmes méthodes que les chasseurs dans un but plus louable ?

Existe-t-il des tentatives de ce genre ?

 

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