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cacahuètes et aflatoxine

 

contribution d'Emmanuel Chabot <echabot@worldnet.fr>, "Transfert : [obsnorm] aflatoxine (ex-CACAHUETES POUR MESANGES)" , 30 janvier 1999

Je vous transfère la contribution d'une obsnormiste au débat en cours.

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Date: Fri, 29 Jan 1999 19:14:23
From: Dominique Benoist <mailto:dominique.benoist@wanadoo.fr>
To: obsnorm@egroups.com

A lire le débat en cours sur les cacahuètes et l'aflatoxine, j'ai eu envie de regarder un peu la littérature médicale (je travaille en bib. univ. médecine). L'aflatoxine est bien une mycotoxine très dangereuse.

Elle a provoqué des décès humains par intoxications aiguës, notamment en Inde. En intoxications chroniques, son incidence sur le cancer du foie est très forte.

MAIS : où est le danger ?

Il faut pour que le champignon porteur de l'aflatoxine se révèle, chaleur et humidité. Comme le dit Alain Fossé, ce sont souvent des conditions de stockage avec aération insuffisante qui en sont à l'origine. Adoncques premiers visés, ceux qui consomment les arachides en pays chaud, humains et, plus rarement, animaux. Sont également susceptibles d'être contaminés... les bovins de nos pays riches.

Car on ne saurait alimenter les vaches bêtement avec de l'herbe.

Quand on ne leur donne pas de la viande en poudre (et voici-voilà l'encéphalite bovine spongiforme), on les nourrit volontiers avec des tourteaux (notamment d'arachides) venus des pays tropicaux.

La contamination du lait semble une préoccupation importante de santé publique (bien qu'on n'en cause pas trop, ce me semble), d'après les articles que j'ai consultés (et j'avoue, pas trop de temps pour ça, survolés plutôt qu'analysés).

Pour autant que j'en puisse juger, la cacahuète en coque risque peu d'avoir été contaminée (par contre, celle des apéros... faut voir).

Rien lu quand à décontamination par micro-ondes (je crois peu d'ailleurs à la décontamination par les micro-ondes !)

Voilà, c'était mon petit apport au débat.

Cordialement

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Quelques réflexions (encore) suite à ces notions très intéressantes :

# Il apparaît de plus en plus clairement que le "risque aflatoxine" est MARGINAL (mauvais stockage, pays chauds, etc...) et non une menace quasi-généralisée sur toutes les arachides (et l'huile ?!).

# Plusieurs remarques sur les vaches laitières (quoique je ne suive pas de près cette production) :

1) elles consomment surtout des tourteaux de soja, de colza et de tournesol (oléagineux comme l'arachide) ;

2) nourrir une vache avec seulement de l'herbe, c'est la flinguer (c'est fragile, ces bêtes-là, ça a une flore) ou, si elle y est habituée, la cantonner au rôle de "moule à veau". Pour produire beaucoup de lait, elle a besoin d'équilibrer l'apport azoté (herbe) avec l'énergétique. Ceux qui n'ont aucun souci dans la vie diront: "pourquoi les pousser, ces pauvres bêtes ?!". Une vache peut produire 200 ou 12.000 l de lait par an. On achète un litre 3 F. Qui veut le payer 100 F ? (= son vrai prix ?) ;

3) la qualité sanitaire du lait constitue effectivement une très importante préoccupation de santé publique, des milliers de gens travaillent dessus et surveillent ça de très près (et ils sont beaucoup plus fiables que nos ministres) ;

4) le rapport avec les cacahuètes pour mésanges est faible... (de même, toutes ces considérations zootechniques avec l'ornithologie en général, mais puisqu'on commence à en parler, il faut bien corriger certains tirs un peu rapides...).

# Enfin, je ne saisis pas pourquoi les cacahuètes en coque seraient moins "dangereuses" que les nues en sachet ? - mais ça m'arrange par rapport aux mésanges !

Bref, le débat n'est pas encore terminé...

 

contribution d'Emmanuel Chabot <echabot@worldnet.fr>, "Suite débat : CACAHUETES POUR MESANGES" , 30 janvier 1999

Je tiens à remercier (et féliciter) Alain Fossé pour sa réponse remarquable, complète et pleine de flegme à mes "interrogations".

Quelques dernières réflexions, avant peut-être de refermer le débat - à moins que des avis ou infos nouvelles ne méritent d'être exprimés !

Alain Fossé écrit :

> Je suis d'accord avec toi : je n'ai jamais entendu parler ailleurs de
> mort d'homme avec cette toxine, c'est pourquoi j'avais assorti la
> traduction d'un point d'interroexclamation...

Je te reconnais cette prudence - je n'aurais sans doute pas "attaqué" si férocement le sujet si je t'avais senti vraiment convaincu !

> Mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas au courant qu'un problème
> n'existe pas (rappelez-vous l'histoire du sang contaminé, il a fallu
> quelques temps avant que le problème émerge)...

En tant que Rennais, je suis particulièrement sensible au sujet (d'autres auront oublié le Ministre de la "Santé" de l'époque...) !

> Pour moi aussi cette réalité est assez floue (d'ailleurs tout comme la
> contamination bactérienne autour des mangeoires avancée comme argument
> contre le nourrissage prolongé - quelqu'un a-t-il des études précises
> en fonction des sites, des mangeoires... ?)...

Il est surtout question du risque des mangeoires accessibles aux rongeurs, qui y laissent des déjections extrêmement dangereuses pour les oiseaux (donc, la cacahuète suspendue "shit-safe" est une bénédiction, la condamner risque d'être pire que le mal redouté !).

De même, les déchets aviaires peuvent être mortels pour les mammifères (cf. le botulisme : cadavres de volaille => eau => bovins).

> ...mais dans le doute, j'applique le principe de précaution tellement
> à la mode aujourd'hui.

Comme tu dis... Certains ont commis de monstrueuses erreurs, en toute impunité, et on veut désormais tout suspecter, coïncer. On va en arriver à des applications du principe de précaution qui seront, là encore, pires que le mal. Exemple : l'ESB. Devant le risque dérisoire (mais traumatisant) d'avaler le prion de la "vache folle" (laitière), les Européens ont éreinté leur production de vache saine (race viande)...

Pendant ce temps, aux USA (BSE-safe car... indétectable là-bas), 9.000 personnes MEURENT chaque année de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC), en suçant des ice-creams ou en se goinfrant de pâtisseries...

> Quoi qu'il en soit, cela m'étonnerait que le Royaume-Uni et les USA
> prennent des mesures réglementaires sur de simples rumeurs...

Pas tout à fait, mais l'effet de traumatisme sur l'opinion a un impact absolument déterminant sur la prise de mesures sanitaires.

Là encore, exemples de l'ESB ou du sang contaminé (ce dernier risque, celui du Sida, étant hélas réellement beaucoup plus consistant...).

Les pathologies et autres dangers "oubliés" ou sous-traités ne sont pas forcément les moins dangereux, mais les moins médiatisés.

> ...Il est vrai que le marché de l'alimentation pour oiseaux sauvages
> n'a sûrement rien à voir avec celui du Royaume-Uni.

Sauvages ou... domestiques - même si les Français ont plus de chats et de chiens ! J'ai entendu parler de stages (ou livres ?), remportant un grand succès, pour apprendre à "parler chat"...

> j'ai trouvé beaucoup d'articles concernant cette toxine : il semble
> qu'il s'agisse effectivement d'un véritable problème de santé publique
> dans les pays tropicaux, causant et favorisant une morbidité et/ou une
> mortalité non négligeable...

C'est le cas pour beaucoup de maladies :

# en Europe, prévalence négligeable ou faible nocivité,
# ailleurs, s'il fait chaud ou si les dispositions sanitaires sont déficientes (USA ?), forte prévalence, lourd impact économique et sur la santé humaine.

Je m'acharne sur les Ricains ? Il faut savoir, par exemple, qu'ils n'appliquent qu'UNE seule mesure d'hygiène en abattoir : le chlorage massif en bout de ligne (beuark !). Sur le reste de la chaîne, on peut patauger dans le sang et les jus, ne pas désinfecter les locaux et outils, réutiliser les mêmes bains ad vitam eternam...

Nous, on se donne bien du mal. En serons-nous récompensés ?

> Un article dit qu'un traitement par micro-ondes « stérilise » les
> arachides en détruisant la toxine.

Les arachides en coque sont grillées, si je ne m'abuse : effet ?

D'autre part, la moisissure se voit (au moins sur la membrane). On peut sans doute prendre un minimum de précautions en éliminant les cacahuètes douteuses, ou leur peau (hélas impossible avec les brochettes pour mésanges).

Pour finir, bravo à Yves Limousin pour sa réhabilitation du nourrissage, pas si "honteux" que cela...

A suivre ?

 

contribution d'Alain FossÈ, alfosse@bigfoot.com, "Re: Aflatoxine" , 29 janvier 1999

Quelques nouvelles de l'aflatoxine en provenance d'un ingénieur agro de l'INRA de Lusignan :

---------------- Début du message transmis ----------------
Date: 29.01 16:35
Reçu le : 29.01 20:37
Adressé à : Alain FossÈ, alfosse@bigfoot.com

...

aflatoxines, ochratoxines, patulines, fumonisines et autres ..... : non je n'ai pas oublié.

Je me suis tapé 2 jours de congrés à Toulouse début juillet sur le sujet.

J'y allai pour mes petits fourrages portant en eux des champignons endophytes et les gens ne parlaient que des mycotoxines sur les cacahouetes et jus de fruits etc ...

Mais c'était interessant quand même et j'ai ramené un beau livre. Je m'empresse de te l'envoyer incessamment sous peu. Tu voudras bien me le rendre un jour parce que je l'avais offert à la bibliothèque et il est donc referencé.

Les gens tip top sur le sujet à l'inra sont à Toulouse. C'est le laboratoire de pharmacologie toxicologie , INRA BP 31, Toulouse, avec la même structure courriel que moi par exemple galtier@toulouse.inra.fr avec un telephone au 0561285141 (secrétariat).

 

réponse d'"Yves Limousin" <ylimousin@ac-grenoble.fr>, "Cacahuète qui tue : le retour..." , 28 janvier 1999

L'utilisation de la "cacahuète tueuse" pourrait permettre un compromis entre les partisans du nourrissage hivernal (compensation à la destruction des milieux) et ses adversaires (sélection naturelle) : on nourrit les oiseaux ET on les élimine... :-)   Plus sérieusement, le débat (éminemment écologique) sur le nourrissage ne peut se régler uniquement par des arguments purement "biologiques".   Je pense que ce sont les arguments "pédagogiques", voire culturels, qui font pencher la balance en faveur des mangeoires.   Le nourrissage   - dans les zones urbanisées prouve que la vie sauvage n'est pas loin, - partout montre qu'il est facile d'agir, - auprès des jeunes permet d'aborder facilement les notions d'adaptation, de nutrition, de protection...   Et, last but not least : combien de vocation d'ornitho ont démarré par l'identification des mésanges autour d'un bol de tournesol ?   Amicalement Yves Limousin   PS : il n'y a pas que la cacahuète qui tue, on parle également de chanvre qui rend fou... :-)

réponse d'Alain Fossé <alfosse@bigfoot.com>, "Re: CACAHUETES POUR MESANGES - Re: AFo + MDitta" , 27 janvier 1999

>Monter ça en épingle, c'est le principe de la
>RUMEUR : tout le monde en parle,

Non, non, ici personne n'en parle !

>personne n'a jamais rien vu.
>De ces descriptions épouvantables, on pourrait s'attendre à une liste,
>au moins minimale, de victimes avérées. Que nenni, on jette juste sur

>le tapis une statistique vague et lourde : des milliers de victimes
>ailées possibles mais jamais retrouvées (et pour cause ??)...
>> JUSTE UNE CACAHUETE AINSI CONTAMINEE POURRAIT TUER UN HOMME EN 6 >>HEURES...

Je suis d'accord avec toi : je n'ai jamais entendu parler ailleurs de mort d'homme avec cette toxine,

c'est pourquoi j'avais assorti la traduction d'un point d'interroexclamation et que je demandais si l'INRA pourrait nous éclairer (j'ai d'ailleurs demandé à mon beau-frère, qui travaille à l'INRA de Lusignan, de me chercher de la doc).

Mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas au courant qu'un problème n'existe pas (rappelez-vous l'histoire du sang contaminé, il a fallu quelques temps avant que le problème émerge)...

Pour moi aussi cette réalité est assez floue (d'ailleurs tout comme la contamination bactérienne autour des mangeoires avancée comme argument contre le nourrissage prolongé - quelqu'un a-t-il des études précises en fonction des sites, des mangeoires... ?), mais dans le doute, j'applique le principe de précaution tellement à la mode aujourd'hui.

Parlant de ce problème avec un médecin anatomo-pathologiste, lorsque j'avais découvert cette question, celui-ci était étonné que je ne connaisse pas l'hépatotoxicité de l'aflatoxine et son rôle dans l'apparition des cancers du foie (en dehors de l'ornithologie, je suis médecin anesthésiste).

Quoi qu'il en soit, cela m'étonnerait que le Royaume-Uni et les USA prennent des mesures réglementaires sur de simples rumeurs...

D'autre part, on peut envisager aussi la possibilité que nous ayons un métro de retard par rapport aux pays anglo-saxons (il est vrai que ce retard a souvent l'avantage du temps de réflexion permettant ainsi d'évaluer les avantages/inconvénients, erreurs... et que - je suis d'accord avec toi - la pensée anglo-saxonne ne doit pas être la pensée universelle).

>Même les volailles de ferme, soumises à
>toutes les pourritures, à tous les germes traînant dehors ou sur leurs
>vieux nids de bois pourri depuis des générations, arrivent à faire un
>peu de croissance, parasitées de partout, un peu stressées, mais... résistantes.

Certes, certes, mais est-ce une raison pour leur imposer d'autres pathologies ?

>C'est quelque chose, la publicité, chez nos voisins anglo-saxons !
>Si on ne parle guère d'aflatoxine chez nous, finalement, c'est peut-être
>simplement parce que le marché des "aliments pour oiseaux du ciel" n'a
>pas encore atteint l'ampleur de celui des lessives ?!

Pour la France, il faudrait savoir si les importations sont équivalentes (mêmes produits, mêmes provenance ?), si le contexte est identique ; peut-être ne sommes-nous pas concernés... Il est vrai que le marché de l'alimentation pour oiseaux sauvages n'a sûrement rien à voir avec celui du Royaume-Uni.

>Date: Mon, 25 Jan 1999 14:16:02 +0100
>From: <myriam.ditta@univ-avignon.fr>

>L'achat de cacahuètes ou autres graines dans les magasins approvisionnés
>par des producteurs pratiquant l'agriculture biologique me paraît la
>meilleure sécurité pour alimenter sainement les oiseaux que nous aimons
>et dont nous souhaitons la protection.

D'après ce que j'ai compris l'agriculture biologique ne changerait pas grand chose au problème puisqu'il semble s'agir de la conséquence d'un stockage défectueux, à moins bien sûr - mais je n'en ai aucune idée - que l'agriculture biologique ne garantisse toutes les étapes jusque sur la table du consommateur.

 

En fait après recherche sur Medline

< http://igm.nlm.nih.gov/cgi-bin/doler?account=++&password=++&datafile=medline>

j'ai trouvé beaucoup d'articles concernant cette toxine : il semble qu'il s'agisse effectivement d'un véritable problème de santé publique dans les pays tropicaux, causant et favorisant une morbidité et/ou une mortalité non négligeable (cancers hépatiques favorisés par l'association avec l'hépatite B, immunodépression, troubles de croissance...) ; les élevages animaux sont également très touchés (des perruches aux chevaux en passant par les lapins, la volaille...).

Un article dit qu'un traitement par micro-ondes « stérilise » les arachides en détruisant la toxine.

TITLE: Major biological consequences of aflatoxicosis in animal production.
AUTHORS: Pier AC
AUTHOR AFFILIATION: Department of Veterinary Sciences, University of Wyoming, Laramie 82070.
SOURCE: J Anim Sci 1992 Dec;70(12):3964-7

réponse d'Emmanuel Chabot <echabot@worldnet.fr>, "Re: CACAHUETES POUR MESANGES - Re: AFo + MDitta" , 26 janvier 1999

Merci à Alain Fossé pour sa réponse étayée !

Elle rejoint assez celle du 22/01 d'Olivier Debré, consultable sur : http://www.egroups.com/list/obsbzh/121.html

Bon, maintenant, j'ai bien envie de mettre les pieds dans le plat (de champignons).

Je suppose que la plupart des lecteurs continueront (comme moi) quand même à se gaver de cacahuètes (en rejetant éventuellement les moisies, décolorées et ratatinées) - tout en se félicitant en leur for intérieur de ne pas habiter un pays où 180.000 vaches ont été touchées par l'Encéphalite Spongiforme Bovine, tandis que des messages alarmistes - sans doute manipulés par de grands "brands" du biscuit apéro (presque les maîtres du monde anglo-saxon) - étaient relayés auprès de tribunes particulièrement réceptives.

[bon, c'est vrai, cette phrase est longue et contient plus d'une idée, mais c'est une question de gain de temps]

[par ailleurs, j'adore les britanniques (moins l'ESB) et quand je parle de "tribunes réceptives", je pense justement à celles qui apparaissent dans tous les films des Monty Python, et qu'eux seuls à ma connaissance ont su pasticher à ce jour avec autant de génie]

Qui a entendu parler d'une mort (d'homme, par exemple) pour cause d'aflatoxine ? Je ne veux absolument pas faire le "gros malin", voire le "révisionniste" (mot putride) de l'aflatoxine. Mais des campagnes comme celle-ci, vous pouvez en lancer tous les jours, sur n'importe quelle cible. Chaque once de notre milieu, de notre corps, de notre alimentation, est incrustée de molécules aux effets terrifiants (à certaines doses...). Monter ça en épingle, c'est le principe de la RUMEUR : tout le monde en parle, personne n'a jamais rien vu.

De ces descriptions épouvantables, on pourrait s'attendre à une liste, au moins minimale, de victimes avérées. Que nenni, on jette juste sur le tapis une statistique vague et lourde : des milliers de victimes ailées possibles mais jamais retrouvées (et pour cause ??)...

Je connais assez bien l'élevage des volailles. Presque tous les lots, les bâtiments, sont contaminés par des organismes terriblement ravageurs pour les volatiles (voire pour leurs consommateurs)... dès lors qu'ils explosent, ce qu'ils ne font quasiment jamais. Ou bien si, les salmonelles présentes dans un bâtiment de 50.000 pondeuses (...en forme) deviendront potentiellement mortelles dans la mayonnaise ou la crème pâtissière que la ménagère ou le cuisinier mal informés (car trop occupés à déchiffrer des textes en anglais sur l'aflatoxine) auront laissé traîner deux jours sur un coin de buffet ou de rayon.

Là, oui, on connaît des morts - comme les 180.000 de l'ESB, ou cent bovins foudroyés en 6 mois par le botulisme dans un seul département.

Les organismes vivants se défendent admirablement bien face aux intoxications à petite dose. Même les volailles de ferme, soumises à toutes les pourritures, à tous les germes traînant dehors ou sur leurs vieux nids de bois pourri depuis des générations, arrivent à faire un peu de croissance, parasitées de partout, un peu stressées, mais... résistantes.

J'espère bien sûr avoir raison sur ce dossier mais ne peux en être certain et ne ferais certes pas la sourde oreille si on me démontrait le contraire...

Pendant que j'y suis, je transmets un message reçu de Myriam Ditta et visiblement adressé au plus grand nombre :

Re: [obsbzh] Re: cacahuètes saines
Date: Mon, 25 Jan 1999 14:16:02 +0100
From: <myriam.ditta@univ-avignon.fr>

L'achat de cacahuètes ou autres graines dans les magasins approvisionnés par des producteurs pratiquant l'agriculture biologique me paraît la meilleure sécurité pour alimenter sainement les oiseaux que nous aimons et dont nous souhaitons la protection.J'y veille personnellement en ce qui concerne l'achat des graines de tournesol mises à la disposition des mésanges pendant la période hivernale.

[fin de message]

Je ne ferai pas trop de pub pour la Vie Claire en précisant que l'AB exclut tout traitement des graines après récolte. Ce qui fait plutôt l'affaire des champignons... (aspergillus = moisissure)

 

C'est comme pour les céréales : la maffia italienne réussit à revendre en France de vieux stocks de céréales importées, en les faisant passer pour des céréales BIO (un peu pas-belles). De même les maffias des nouvelles républiques ex-soviétiques, avec l'aide alimentaire...

Ces pays sont devenus subitement, vers 1994, nos principaux fournisseurs (via des courtiers néerlandais) de céréales BIO pour l'alimentation animale BIO (oeufs, poulets BIO, ...), alors qu'ils manquent de céréales conventionnelles. Nous en France, le peu de cultures BIO qu'on a est accaparé par l'alimentation humaine BIO. Pour les viandes BIO, on doit importer tout l'aliment BIO (soja, blé, maïs...). On prend ce qu'on trouve, dûment aspergillé-estampillé. [*]

En revanche, pas d'inquiétude, c'est quasiment inoffensif, on pourrait même dire "purement mental"...

 

[* : je tiens ces infos de plusieurs producteurs d'oeufs et d'aliment BIO, utilisant des céréales françaises (une vraie exception !) - et plutôt mal en point. Quant aux autres, ils ne les ont pas démentis, laissant entendre qu'il fallait bien fournir la demande, avant tout. De même, les pouvoirs publics se retranchent derrière une sorte de "présomption d'innocence" pour les dénominations "bio" venant de pays où aucune garantie n'existe sur le contrôle des cahiers des charges, sauf peut-être une quand même : la garantie de la main de la maffia]

[le bateau de Singapour me fait penser à autre chose : l'anecdote d'un bateau resté à Bordeaux, plein de céréales destinées à l'exportation hors de France. Quelqu'un avait déjà réussi à les revendre à un acheteur français comme céréales bio venant de Lituanie ou d'Ukraine ou de Kaliningrad, je ne sais pas trop...]

 

réponse d'Alain Fossé <alfosse@bigfoot.com>, "Re: Jardin" , 24 janvier 1999

Je rappelle que l'aflatoxine est une toxine produite par des champignons (de genre « Aspergillus », notamment « Aspergillus flavus ») contaminant nombre de végétaux (céréales, coton, arachides...) semble-t-il à la suite de mauvaises conditions de stockage (humidité) ; elle possède un fort pouvoir carcinogène sur le foie des vertébrés supérieurs pour le moins (mammifères dont l'homme, oiseaux).

En fait, pour moi, la toxicité de l'aflatoxine est une réalité depuis 1990, époque où je lisais la revue anglaise « Bird Watching ». Un article de Dave Cromack (Let's end this disgraceful trade, fév.90, p. 5) se faisait l'écho des efforts de la « Birdfoods Standards Association », soutenue par la RSPB et le BTO, pour bannir les produits dangereux ; voici un résumé de l'article (contexte de la fin des années quatre-vingt, avant le contrôle des importations décidé à la fin de 1992 au Royaume-Uni, voir ci-dessous) :

« Deux tiers des plus de 10 000 tonnes de cachuètes vendues pour les oiseaux au Royaume-Uni (!) sont plus ou moins contaminées par l'aflatoxine...

La mort des oiseaux peut survenir dans les heures qui suivent si la contamination est élevée...

De plus faibles taux prolongent l'agonie (cancer hépatique, déficience immunitaire, hémorragies, ralentissement de croissance et faiblesse)...

Chris Mead (du BTO) pensent que les cacahuètes contaminées pourraient être responsables de la mort de milliers d'oiseaux chaque année (difficulté d'évaluer la mortalité, les oiseaux allant mourir ailleurs)...

En 1960 plus de 100 000 volailles moururent au Royaume-Uni du fait de nourriture à base d'arachide brésilienne...

Une cargaison en provenance de Singapour avait un taux montant jusqu'à 2 000 fois la limite supérieure de sécurité pour les volailles (qui serait de 10 microg/kg)...

JUSTE UNE CACAHUETE AINSI CONTAMINEE POURRAIT TUER UN HOMME EN 6 HEURES... (?!).... »

En pratique le Royaume-Uni promulguait donc fin 1992 des textes réglementaires visant à contrôler le taux d'aflatoxine dans les aliments importés afin de ne pas dépasser 4 microg/kg dans les aliments destinés à la consommation directe et 10 microg/kg pour ceux destinés à une transformation avant vente.

Une rapide recherche sur la Toile montre que plusieurs pages anglophones sont consacrées à ce problème (voir par exemple <http://www.maff.gov.uk/food/infsheet/1996/no81/81nutfig.htm> ou <http://www.healthanswers.com/database/ami/converted/002429.html> :

Dans les revues anglaises, les nombreuses publicités pour les aliments pour oiseaux marquent toutes maintenant « safe peanuts » pour indiquer que leurs arachides sont indemnes de la toxine.

Qu'en est-il en France des contrôles et de la législation ?

Peut-être l'INRA pourrait-il répondre ?

Que savent de ce problème nos amis canadiens (je fais suivre à Avimonde) ?

 

réponse d'Emmanuel Chabot <echabot@worldnet.fr>, "Re: Jardin" , 23 janvier 1999

Ah bon ? Quelle est la réalité de ce danger ? Est-ce mortel pour les oiseaux alors que c'est en vente libre pour les hommes ? A quelle dose cela tuerait-il, sous quel délai ? Sous quelle forme (cuite) ? Pourquoi en parlerait-on si peu ?

Dans son livre sur les oiseaux des villes (1983), Dejonghe dit beaucoup de bien des cacahuètes (p.209-213), sans aucune modération.

De mon côté, j'en consomme énormément...

Je ne tiens certes pas à me voiler les yeux, mais je n'ai vraiment pas le sentiment d'avoir empoisonné les mésanges de mon jardin. Je ne leur mets pas de bagues de couleur (...) mais je vois toujours à peu près le même nombre tout l'hiver (comme les noires en 1996-97), puis au printemps au nichoir (bleues). Là, tous les petits sont tués par les pies, c'est un autre problème. Cette mise en garde au "poison mortel" mérite des éclaicissements (je suis sûr qu'Alain n'en sera pas avare).

contribution d'Alain Fossé <alfosse@bigfoot.com>, "Re: cacahuètes" , 22 janvier 1999

A propos de cacahuètes, quelqu'un sait-il où se procurer des cacahuètes saines pour les oiseaux (exemptes de l'aflatoxine mortelle) ? J'avais un fournisseur qui importait d'Angleterre mais hélas il n'est plus approvisionné...

 

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