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Braconnage: outarde, Cigogne noire

 

Contribution de Jacques Nicolin, "Mort d'une spatule blanche", 17 Oct 2003

Information reçue à partir de la liste Obs Isère :

Sent: Friday, October 17, 2003 1:23 PM
Subject: Communqué de presse : une spatule blanche abattue près de Saint Jean Le Vieux

Une Spatule blanche abattue près de Saint-Jean-le-Vieux

Mardi 14 octobre, un promeneur a découvert cet oiseau encore vivant sur les collines au nord de Saint-Jean-Le-Vieux (Pyrénées-Atlantiques). Touché par des plombs de chasse au pigeon, l¹oiseau avait les deux pattes ainsi que l¹aile droite fracturées. Il a du être euthanasié. L¹absence de migration des palombes ne saurait expliquer un tel acte volontaire. Organbidexka Col Libre va porter plainte.

La Spatule blanche ne peut être confondue avec aucune espèce chassable. C¹est en effet, une sorte de petit héron blanc d¹environ 1,30 m d¹enverguredont le bec à la forme d¹une spatule, d¹où son nom. Il s¹agit donc d¹un acte délibéré et inexcusable.

La Spatule blanche est un oiseau dont les effectifs européens sont très réduits. L¹espèce est considérée comme en danger. On trouve des populations nicheuses au Pays-Bas (env. 500 couples), en France (<10 couples), en Espagne (675 couples), au Portugal (env 5 couples), en République tchèque (<5 couples), en Grèce (env. 175 couples) et en Italie (env. 10 couples) pour ce qui concerne l¹Europe occidentale. C¹est une espèce migratrice dont le couloir de migration passse habituellement par la côte atlantique pour la population occidentale. Des haltes migratoires importantes sont connues aux Marais d¹Orx (Landes) ou dans la Ria d¹Urdaibai près de Guernica (Biscaye). Sa présence en Pays basque intérieur est donc exceptionnelle. L¹espèce se nourrit principalement de petits crustacés capturés en filtrant l¹eau.

Avec quelle espèce chassable pourrait-on confondre cet oiseau ?

Jacques Nicolin http://www.oiseau-libre.net
http://annuaire.oiseau-libre.net
http://album.oiseau-libre.net

 

contribution de hervé michel <opus.ornitho@wanadoo.fr>, "Cigogne noire tuée dans les Landes", 10 octobre 1998

pour faire suite au message de Bruno Portier sur la mort de Léa, cigogne ardennaise munie d'une balise Argos, voici quelques informations.

L'oiseau avait franchi les Pyrénées fin septembre, s'est retrouvée sur la côte basque espagnole puis a malheureusement été déportée par une tempête sur la côte landaise française ! C'est là qu'elle a été tuée par un chasseur le 27/09.

La balise a ensuite été localisée vers le 8/10 près d'Orléans, dans le centre de formation/école de l'Office National de la Chasse une semaine plus tard. Apparemment, au vu du laps de temps écoulé entre la mort de Léa et la découverte par nos soins de la balise, et la surprise de l'équipe de l'ONC de nous voir débarquer chez eux pour récupérer cette balise, il semble probable que l'ONC ait eu des consignes de la fédération nationale des chasseurs pour ne pas divulguer l'information trop tôt (ou ne rien divulguer du tout?) .

Le scandale continue. Notre seule réponse est de faire signer en masse dans tous les pays de l'Union européenne la pétition contre la chasse aux oiseaux migrateurs !

à bientôt

Hervé MICHEL
administrateur LPO France
responsable du réseau cigogne noire

 

contribution de Bruno Portier - Biologie vegetale - FUSAGx <portier.b@fsagx.ac.be>, "Léa criblée de chevrotine", 9 octobre 1998

Lea, mauvaise nouvelle!

Léa a été retrouvée criblée de chevrotine.

Léa, jeune cigogne née cette année en France, a été la première à entamer sa migration: nul doute qu'elle soit devenu la mascotte de nombreuses écoles, pour des enfants qui s'émerveillaient à la voir ainsi partir vers une lointaine Afrique. Hynek, un des jeunes de Kristina, il y a dix jours.

Auparavant, trois autres cigognes noires, dont une baguée. Aujourd'hui, Léa est aussi tombée sous le tir des chasseurs français, le même jour que Hynek et dans la même région...

Cinq cigognes abattues en France, dont deux balisées. Il convient plutôt de dire: cinq cigognes signalées , dont deux balisées. Or, les chances de voir deux de ces oiseaux, balisés, être tués par des chasseurs dans la même région le même jour sont statistiquement nulles. On s'interroge donc, avec raison, sur le nombre total de cigognes abattues.

Cette année, depuis le début de la migration des cigognes noires de retour vers l'Afrique, la mort de cinq oiseaux suite à des tirs de chasseurs est à déplorer sur le territoire français. Deux d'entre elles n'étant pas baguées, n'ont pu être identifiées. Elles ont été abattues dans le Jura et en Alsace.

Une autre , tuée en Baie de Somme, portait une bague du Museum de Prague.

Les deux dernières étaient non seulement baguées, mais également balisées. Elles faisaient l'objet d'un suivi satellite par des spécialistes de cette espèce ainsi que par les enfants d' écoles de différents pays. La première, Hynek, était un des jeunes de Kristina, une cigogne suivie depuis quatre ans par des biologistes et des écoles tchèques. Cette année, le souhait était de suivre toute la famille de Kristina. Pour Léa, il s'agissait également de la première migration: elle est née cet été dans les Ardennes françaises. Léa était suivie dans le cadre du projet "Cigones sans Frontières", projet international regroupant la France, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg. (http://www.explorado.org/solon/ )

Le transmetteur de Hynek a été saisi et mis sous scellé par le Procureur de la République d'Agen et une enquête est en cours. La Ligue de Protection des Oiseaux française (LPO) et une équipe tchèque ont déposé plainte. Concernant Léa, un dépôt de plainte est en préparation. La LPO et L'Organisme National des Forêts se constitueront partie civile pour le France. En Belgique, il s'agira du Ministère de l'Environnement de la Région Wallonne et de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRNBPO). La LPO Luxembourgeoise s'impliquera pour le Grand Duché du Luxembourg.

Les médias se feront largement l'écho de ces tristes évènements: France-Culture (émission "Fréquence buissonière", le samedi 10 octobre à 7h00), le quotidien belge Le Soir, l'hebdomadaire belge Le Vif (vendredi 15 octobre?), la télévision belge (RTBF), les chaînes privées Planète Forum (le 19 octobre?) et Atome Crochu développeront le sujet. Un représentant de la Radio Tchèque se rendra en France le 15 octobre où il sera reçu par la LPO Aquitaine. Il sera conduit sur les lieux où Hynek a été tué et recupèrera sa balise auprès du procureur.

Il faut également savoir que la LPO française avait déjà lancé une pétition, intitulée "pour une meilleure protection des oiseaux migrateurs, richesse naturelle internationale " . Cette pétition nécessite 1.000.000 de signatures et ces derniers évènements devraient favoriser son aboutissement.

La volonté du coordinateur du projet "Cigognes sans frontières", G. JADOUL, est d'obtenir le maximum de réactions d'adultes comme d'enfants, et d'aller les remettre en mains propres au Ministre de l'Environnement français, Mme D. VOYNET.

Vous pouvez nous adresser vos réactions à : reseau.idee@skynet.be

Si les enfants souhaitent faire parvenir des dessins, ils peuvent les adresser par courriel ou par courrier à :

G. JADOUL, coordinateur du projet
12 Grande Rue
B-6870 Awenne (Saint Hubert)
Belgique.

La LPO LORRAINE en berne !

From: lpo.lorraine@wanadoo.fr
Date: 09 oct. 1998
Time: 14:01:02
Remote Name: 195.238.21.115

Comments

Les 3000 membres de la LPO Lorraine sont partagés entre la colère et l'écoeurement après la destruction de Léa qui fait suite aux autres actes de braconnage de Cigognes noires. Combien d'oiseaux migrateurs, protégés par la loi, sont-ils ainsi détruits chaque année dans cette région où la chasse est soit disant un "art de vivre". "L'art de détruire" tout ce qui vole caractériserait sans doute plus les chasseurs aquitains qui ont l'audace de vouloir modifier la loi européenne après avoir réussi à faire adopter par des députés sans courage une loi "illégale" et scandaleuse. Aujourd'jui c'en est trop, les braconniers français (sans doute 10 à 20% des chasseurs) doivent être montrés du doigt par l'ensemble des instances politiques qui doivent prendre des mesures de rétorsion à leur égard.

Le Directeur de la LPO LORRAINE Vincent Looten

 

contribution de hervé michel <opus.ornitho@wanadoo.fr>, "Cigognes noires tuées en France", 9 octobre 1998

le nombre de cigognes noires tuées en France et connu (!) atteint désormais les 5 individus.

Léa, oiseau bagué cette année dans les Ardennes et suivie par satellite a été abattue dans les Landes fin septembre. Une tchèque également équipée de balise Argos avait été tuée à la même époque dans le Lot-et-Garonne.

Connectez-vous sur le site "cigognes sans frontières" pour en savoir davantage :

http://www.explorado.org/solon/fr/10/indexoctobre.htm

questions:

 

réponse de Dominique Py <Dominique.Py@irisa.fr>, "Re: Cigognes et al.: Erreurs d'identification", 2 octobre 1998

> Suite au triste sort des trois Cigognes noires de ce debut de saison
> de chasse (il est vrai que vu leur ressemblance troublante avec
> la Perdrix grise, il est facile de se tromper), j'aimerais savoir
> si des statistiques sont faites chaque annee a l'issue de celle-ci?
> Je pense a une centralisation des donnees du style:
> espece X (non chassable, evidemment), y individus tues, a telles
> dates, tels endroits

A ma connaissance, il n'existe pas de statistiques nationales exhaustives sur le sujet, mais on peut trouver des recensements partiels qui donnent une idée de l'ampleur des dégâts (les chiffres des oiseaux retrouvés ne reflétent évidemment qu'une faible partie de ce qui est réellement tué ou blessé)

Quelques exemples :

Les Centres de Sauvegarde de la Faune Sauvage récupérent les animaux sauvages blessés (dont 95% d'oiseaux) pour les soigner puis les relâcher. Un article de l'Oiseau Magazine (no 33, 1993) donnait quelques chiffres :

Le tir d'espéces protégées est la 4e cause de l'arrivée d'oiseaux dans les centres. De 1987 à 1990, 1830 oiseaux recueillis avaient été tirés illégalement. Pour les rapaces diurnes, le tir devient la 1ére cause d'accueil (804 oiseaux, de 1987 à 1990).

L'association Organbidexka Col Libre, qui suit depuis 20 ans la migration transpyrénéenne, fait aussi quelques comptages macabres sur les cols basques loués par les chasseurs à l'automne.

En 1992 : 3 spatules blanches, 1 hibou des marais, 1 pingouin torda, 1 épervier, 1 crécerelle, 2 buses variables, 2 hérons cendrés, 2 grands cormorans, blessés ou tués.

En 1993 ont été constatés des tirs contre des buses variables, des grands corbeaux, des grands cormorans, des faucons crécerelle et émerillon (dont un tué), de nombreux fringilles. Un gypaéte barbu a été blessé par treize plombs de petit calibre dont un dans l'oeil.

Un groupe ornitho de Picardie a pratiqué pendant 20 ans le ramassage des oiseaux morts échoués, sur 30 km de côtes, pour un total de 10 000 oiseaux. (article dans "Le Courrier de la Nature" no 106).

Pour une partie de ces oiseaux, ils ont déterminé la cause de la mort. La chasse est la seconde cause de mortalité (38%) aprés les hydrocarbures. Parmi ces oiseaux, des espéces chassables (eiders, macreuses) victimes de tirs gratuits parce qu'ils sont gibier, mais non ramassés par les chasseurs car ils sont immangeables. Toutes les espéces protégées présentes sont également victimes de tirs : tadornes, laridés, sternes, grébes, fous. Même les alcidés (guillemots, pingouins) n'y échappent pas.

 

Bref, il ne faut pas se leurrer : la plupart de ces oiseaux ne sont pas victimes de confusions entre espéces, mais de tirs délibérés, soit qu'ils servent de cible vivante, soit qu'on cherche à les détruire (rapaces, hérons, cormorans, considérés comme d'insupportables concurrents). L'amélioration du niveau du permis est certes indispensable, mais elle ne suffira pas à changer les mentalités : nous avons aussi à faire passer au grand public la notion de respect de la vie sauvage, et ce sera beaucoup plus difficile.

 

contribution de Dominique Py <Dominique.Py@irisa.fr>, "Re: Cigogne noire", 2 octobre 1998

> From: Frederic MALHER <FredMalher@compuserve.com>
> Je viens d'apprendre par le serveur génial sur les Cigognes noires
> http://www.explorado.org/solon/fr/
> que nos braves chasseurs ont flingué 3 Cigognes noires cet automne dont une
> suivie par balise argos depuis la Tchéquie !

Ci-dessous la dépêche de l'AFP (http://www.nomade.fr/contenu/infoendirect/afp/)

Dominique

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Une cigogne noire protégée abbatue dans le Lot-et-Garonne

PARIS, 1er oct 98 (AFP) - Deux associations de protection des animaux ont fait part jeudi de la mort d'une cigogne noire, poussin de Christina, symbole de la République Tchèque, abattue dimanche de deux coups de fusil à Dondas (Lot-et-Garonne) par un chasseur non identifié. Baguée, porteuse d'une balise de repérage par satellite, cette cigogne se rendait en Afrique pour y hiverner, explique la Ligue pour la protection des Oiseaux (LPO).

Elle faisait partie du programme scientifique "Cigognes noires sans frontières". Deux autres membres de cette espèce migratrice rare ont déjà été victimes des chasseurs français: l'une a été abattue en Baie de Somme, l'autre a été amputée d'une aile, dans le Jura, et transférée dans un centre de soins. La cigogne abattue était un "oiseau star" aux yeux des enfants de la République tchèque, précise la LPO.

 

contribution de Dominique Py <Dominique.Py@irisa.fr>, 15 septembre 1997

Premier jour de chasse, première bavure.

ANGOULÊME, 14 sept (AFP) - Une jeune outarde canepetière, classée parmi les espèces protégées, a été tuée dimanche lors de l'ouverture de la chasse en Charente, selon la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) qui qualifie cet acte de "grosse bavure".

Cette outarde, appartenant à une espèce protégée depuis 1972, avait été recueillie dès sa naissance au CNRS de Chizé (Deux-Sèvres) puis relâchée munie d'un émetteur afin d'être suivie par un technicien de la fédération des chasseurs de Charente.

" C'est ce dernier qui, en surveillant le comportement de l'oiseau, a été le témoin " de l'incident, affirme la LPO.

Il n'y avait plus en 1996 que 70 outardes mâles chanteurs contre 400 en 1980, selon la LPO qui a décidé de porter plainte contre le chasseur dont l'identité lui est connue. Ce dernier affirme qu'il s'agit d'une erreur, mais la LPO souligne que la reconnaissance des espèces protégées est obligatoire pour obtenir son permis de chasse.

 

contribution de Sylvain Henaff <henaff@tonton.univ-angers.fr> , "Ticho, Outarde", 26 Février 1998

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A lire aussi sur ce site un dossier sur l'Outarde canepetière et sa protection: http://www.pact.fr/lpo-anjou/

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