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Onomatopées et mimologismes

 

contribution de MORGENSTERN noémi, noemi.MORGENSTERN@mairie-paris.fr, "RE: chants d oiseaux...", 20 Feb 2001

ce qui me vient à l'esprit rapidement, le pinson monte et descend d'une échelle.
le rougegorge a un chant mouillé rappelant le bruit d'une cascade.
la grive musicienne se répète par strophes.
les autres sont peut-être un peu plus subtiles, quoi que,...
les autres viendront avec le printemps. bonnes obs et tendez l'oreille,

 

contribution de Denise Vincenty et Bernard Chavanne, pottokaren.etxea_A_wanadoo.fr, "chants d oiseaux...", 21 Feb 2001

Nous avons des difficultés avec les chants d'oiseaux alors les phrases du style "Je suis, je suis la Bouscarle de Cetti" qui rappelle la phrase musicale de cet oiseau ou bien "Tchiff! Tchaff!Tchiff! Tchaff!" qui imite le compteur d'écus alias le Pouillot véloce, nous sont bien utiles pour mieux mémoriser les chants des oiseaux...

Pourriez-vous nous aider à recencer ces "pense bêtes" en nous envoyant vos astuces pour reconnaître les différentes espèces par leur chant...

Denise Vincenty et Bernard Chavanne
Riscle (Ouest du Gers, sud-ouest de la France,
limite entre Midi Pyrénées et Aquitaine)

 

réponse de Suzanne BONMARCHAND <DactyloTyping@compuserve.com>, "mimologismes ", 8 avril 1999

Grive musicienne: "qui suis-je, qui suis-je, qui suis-je .... où vais-je, où vais-je, où vais-je ... etc.". Oiseau philosophe.

Roitelet huppé: "tout petit, tout petit, je suis". Oiseau réaliste.

Sources: guides avésiens.

réponse de Nicolas.Wienders@ifremer.fr, "onomatopees et mimologismes ", 6 avril 1999

Un autre:
"Je suis, je suis la bouscarle de Cetti"

réponse de François BOC, "Re: onomatopées et mimologismes", 4 avril 1999

Pinson des arbres :"seme, seme, seme, tu gagneras bien ta petite vie"
source :?

Bouscarle de cetti : "tiens, tiens, t'auras du boudin, t'auras du boudin"
source : Philippe Caruette, Marquenterre

et enfin Coucou : "coucou, coucou, coucou, ..."
source : Coucou

réponse de "p.r.legrand" <p.r.legrand@infonie.fr>, "Re: onomatopées et mimologismes", 4 avril 1999

Il y a ceci, transcription à mon goût très réussie du chant du Pinson des arbres, mais dont j'ignore totalement l'origine (c'était le regretté Jacques Trémolin qui en avait fait la citation, sur France Inter, il y a quelques années) :

"Dis, dis, veux-tu que j'estropie, mon ptiot ?"

contribution de Philippe LEVE <djitere@club-internet.fr>, "onomatopées et mimologismes", 4 avril 1999

La liste AVIMONDE échange actuellement sur les onomatopées. Ce sujet m'intéresse et j'adresse à la liste ORNITHOLOGIE une copie de mon message qui peut, peut-être, intéressé quelqu'un.

Je suis, avec grand intérêt, les courriers envoyés, sur la liste AVIMONDE, sur les onomatopées. En effet, j'ai un peu travaillé, depuis quelques années, sur ce thème.

Tout d'abord, je pense qu'il faut peut-être différencier :

Nous avons rencontré, dans nos enquêtes auprès de vielles personnes, en Poitou, des gens qui imitaient à la perfection* le chant des oiseaux à l'aide de ces mimologismes. Certains de ces mimologismes sont brefs et souvent amusants.

Alain Fossé nous en livre un, répandu dans l'ouest de la France : La Caille des blés (Coturnix coturnix) : "paye tes dettes !, paye tes dettes !..."

La Caille dit également aux fumeurs : "Pas d'tabac ! Pas d'tabac !..." ou au bucheron "Tane ta scie ! Tane ta scie !..." (Aiguise ta scie...)

Vous entendrez également le Pigeon ramier dire : "Paye la goutte... tonton ! Paye la goutte...tonton !" (offre un petit coup d'eau de vie Tonton)

ou encore le Pigeon mâle dit :

"Orrrtense...coues-tu ? Orrrtense...coues-tu ?" (Ortense couves-tu ?)
et la femelle répond :
" i coue, icoue !" (je couve)

Plus coquin, la Tourterelle mâle dit :

"Veux-tu que j'te trrrrrrousse ? Veux-tu que j'te trrrrrrousse ?"
Et celle-ci de répondre
"Trrrrrrousse ! Trrrrrrousse !"

Vous entendrez peut-être, certaines nuits, la Chouette hulotte nous dire :
"J'couche dehoooooors !"

Voici quelques mimologismes simples. Mais pour certains oiseaux, au chant plus complexe, les paroles racontent une petite histoire :

En Vendée, le Rossignol philomèle raconte une histoire à la morale douteuse:

"i'avèt' ine fame, i l'é batu-tu-tu-tu-tu-tu-tu-tu, i l'é fét mouri mouri mouri mouri mouri mouri, si i'en ét'ine oute i la batrè pu-pu-pu-pu, rin q'in p'tit, rin q'in p'tit, rin q'in p'tit-ti-ti-ti-ti-ti"

(j'avais une femme je l'ai battu, je l'ai fait mourir, si j'en ai une autre, je ne la battrai plus, juste un tout petit peu)

ou encore :

"i'ait' ine palle dans le tchuuu ! tire tire tire tire tire tire... supe supe supe supe supe"

(J'ai une paille dans le cul, tire tire tire tire... suce, suce, suce suce...

Mais pour certaines de ces chansons, c'est aussi le comportement de l'oiseau qui nous est expliqué.

Par exemple, devant le vol étrange de l'Alouette qui prend de l'altitude en chantant à tue-tête, avant de se laisser tomber comme une pierre, les anciens expliquaient ceci :

En partant du sol, et en mimant le vol de l'Alouette avec la main :

"O n'a l'Bon-Diu qui m'tire au cius, o n'a l'Bon-Diu qui m'tire au cius..." (Il y a le Bon-Dieu qui me m'attire aux cieux)

Dans le ciel, elle fait une promesse :
"P'tit Jésus j'jurè pu, p'tit Jésus j'jurè pu..." (Petit Jésus, je ne dirait plus de gros mots)

Une promesse qu "elle ne pourra jamais tenir. Elle dit en descendant :
"É marde marde marde marde marde" (Et merde,merde, merde...)

Puis recommence...

Le Merle noir nous raconte son passage de l'hiver :`
"I'é passé mon iver bé pouvremant, bé malurusement, qué anbure mé me voila réssucité diu mèrci, qué vi, qué vi, qué vi"

(J'ai passé mon hiver bien pauvrement, bien malheureusement, quel malheur, mais me voilà ressuscité, dieu merci, Quelle vie, quelle vie, quelle vie)

Et, avec quelle poésie, les hirondelles revenant de migration, ont pour premier souci de demander des nouvelles des gens du village :

"sont-i toujour vivants les vius é lès vièlles d'ici ? sont-i toujour vivants les vius é legrave;s vièlles d'ici ? "

(Sont-ils toujours vivants les vieux et les vieilles d'ici ?)

Il existe ainsi des centaines de mimologismes que nous avons recueilli en Poitou-Charentes-Vendée ou ailleurs.

Mais certains de ces mimologismes paraissent surprenants. Et ceci parce que nous possédons seulement le texte du chant de l'oiseau sans en avoir l'explication. En effet, de nombreux mimologismes suivaient un conte ou une légende. Une cosmogonie où l'on expliquait la présence de chaque être vivant et dont il reste, à l'heure actuelle que quelques brides.

Par exemple le Pic vert :

Nous entendons souvent, en Vendée les anciens dire "té o n'a le picata qui chante, o l'é signe d'aïve" (Tiens il y a le Pic vert qui chante, c'est signe d'eau)

Jean Loïc LEQUELLEC, ethnologue Vendéen, s'est penché sur ce thème et a commencé à trouver des mimologismes du Pic : "i piu, i piu, i piu, i piu..." (il pleut, il pleut, il pleut...) ou encore "laque, laque, laque, laque..." (bois, bois, bois, bois...)...

Nous comprendrons mieux quand sera recueillie la légende suivante, de l'assèchement du Marais Poitevin (en français et résumée)

quot;A l'origine du monde, la mer s'est retirée du sud de la Vendée et a laissé une étendue de terre : le Marais Poitevin. Ces terrains étaient encore régulièrement recouverts par l'eau de pluie ou l'eau de la mer. Un géant, nommé le Grand Recalour (le Grand Assècheur) prit pour tâche de creuser des canaux et de dresser des digues. Dans ce travail énorme, il se fit aider par les oiseaux. Tous acceptèrent, les canaux leur permettraient d'avoir de l'eau pour boire. Seul un oiseau, trop bien habillé et aillant peur de se salir, refusa : le Pic vert. Après des années de travail, le Marais fut assèché et le Grand Recalour, épuisé par ces travaux, mouru. Mais avant de mourir, il fit venir le Pic vert et, pour le punir, lui interdit de boire de l'eau du marais. On dit que depuis, le Pic vert est obligé d'attendre la pluie et qu'il boit les goutelettes de pluie qui coulent des feuilles des arbres. Et c'est pour cela que quand on entend le Pic vert chanter c'est qu'il à soif . Il appelle la pluie et c'est signe d'eau."

 

Voici quelques exemples de mimologismes. Ils ont une valeur certaine pour initier les gens à l'ornithologie et aider à mémoriser les chants d'oiseaux par des formules amusantes. Mais c'est aussi l'expression d'une culture populaire rurale et une explication poétique de la formation du monde où chaque être vivant prend sa place (sans négliger, parrallèlement les explications scientiques).

Comme vous le voyez, je suis très intéressé par ce sujet. Si vous connaissez des mimologismes ou des contes sur les oiseaux vous pouvez me les envoyer (dans n'importe quelle langue, pourvu qu'il y ait une traduction), sans oublier de mentionner les sources (auteur ou, pour la tradition orale, le lieu ou vous l'avez entendu).

 

D'avance merci

Philippe LEVE
Rue des Vanneaux
La Guittière
Talmont St Hilaire
85440 TALMONT ST HILAIRE
djitere@club-internet.fr

* Je pourrai vous donner un exemple de ces imitations, mais les fichiers audios sont trop lourds. Si quelqu'un est intéressé par ces sonogrammes, contactez-moi.

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