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Érismature

Oxyura sp.

 

réponse de "Gérard Joannès" <g.joannes@ac-nancy-metz.fr>, "Re: Erismatures", 20 janvier 1998

Gerard Joannes Forbach France

g.joannes@ac-nancy-metz.fr

> Le livre de J.C. Génot (dont le titre m'échappe - quelque chose comme
> "Protection contre nature") pose assez bien ces questions, même si je
> trouve qu'il n'apporte pas vraiment de réponse.
>

Bonjour,

Je suis en train de le lire:

"Ecologiquement correct ou Protection contre Nature" publié chez Edisud.

Je suis assez d'accord avec ta conclusion. JC Genot a raison, mais il est un peu trop négatif.

 

réponse d'Emmanuel Chabot <echabot@worldnet.fr>, "Erismatures & éradications", 20 janvier 1998

Gilles Vannier écrit :

> > ...la diversité biologique est un sujet qui devrait intéresser
> > tous les citoyens, et une décision d'éradication est actuellement
> > prise par des comités d'experts sans large consultation.

Dominique Py répond :

> Un peu de polémique, histoire de se réchauffer...

Le ton est donné, il est sain - je gage que nous tiendrions tous un langage différent sur le sujet selon l'interlocuteur...

"Eradication citoyenne" : les décennies passées, les citoyens ont montré une fâcheuse tendance à souscrire à toutes sortes de funestes éradications, en même temps qu'ils supportaient bec et ongles des "bêtes" nuisibles de la pire espèce... Entre lynchage et sensiblerie, reste l'ignorance et, pour une fois, mieux vaut sans doute de fier à l'avis d'experts de diverses obédiences.

 

Concernant les influences "normales" ou pas du "progrès" sur les écosystèmes, on peut se rendre compte (notamment avec plusieurs formes de pollution) qu'au premier déferlement d'effets pervers succède une réaction de "résorption". Celle de l'érismature rousse en Europe est peut-être le pendant de ce qu'on a fait pour l'eau depuis 1976.

 

Pour lire un texte sur l'éradication par des "écolos" de corneilles noires excédentaires (célibataires) et destructrices, voir :

http://www.eGroups.com/list/obsnorm/294.html

 

réponse de Dominique Py <Dominique.Py@irisa.fr>, "Re: Erismatures", 20 janvier 1998

Un peu de polémique, histoire de se réchauffer en ce mois de janvier frisquet :-)

> From: Gilles Vannier <vannier@apro.fr>
>
>- la diversité biologique est un sujet qui devrait intéresser tous les
> citoyens, et une décision d'éradication est actuellement prise par des
> comités d'experts sans large consultation.

La diversité biologique en général, sûrement, mais je doute que les citoyens s'intéressent au sort d'une espèce dont, pour la plupart, ils ignorent jusqu'à l'existence ...

A mon sens, l'essentiel est que des représentants des associations de protection de la nature participent à ce genre de décisions (et de manière moins symbolique que dans les CDCFS).

> - Le développement des transports et les risques d'introduction qui en
> découlent sont maintenant des facteurs normaux qui influencent nos
> écosystèmes.

Alors là, je bondis :-) Qu'un évènement soit devenu courant ne signifie pas qu'il soit normal. C'est comme si on disait que la pollution étant devenue banale, elle est normale. Cela reste un facteur anthropique, qu'on ne peut pas éliminer totalement mais qu'il ne faut pas renoncer pour autant à essayer de maîtriser ou de limiter, d'autant plus qu'on connaît maintenant mieux les effets néfastes de certaines introductions anarchiques.

 

> En fait, en décidant de l'éradication de l'érismature rousse, nous prenons
> une décision où réside une contradiction interne: pour apporter une
> solution à un problème dû à une intervention agressive de l'homme sur la
> nature, nous choisissons une intervention agressive de l'homme sur la
> nature. Cela a forcément ses limites.

Je ne vois pas nécessairement de contradiction entre les deux, cela dépend des objectifs que l'on se fixe. Que cherche-t-on en priorité ?

Sauvegarder quelques espèces phares (quitte à en laisser disparaître d'autres), avoir une biodiversité maximale (quitte à intervenir fortement pour la maintenir), préserver intégralement certains espaces (quitte à en sur-exploiter d'autres) ? Il n'y a pas de réponse simple ni de consensus.

Le livre de J.C. Génot (dont le titre m'échappe - quelque chose comme "Protection contre nature") pose assez bien ces questions, même si je trouve qu'il n'apporte pas vraiment de réponse.

Dominique

P.S. A lire : le dernier paragraphe de l'article de Libé
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/990120merl.html

 

question de "Philippe Dumas" <phdumas@club-internet.fr>, "Re: érismatures", 19 janvier 1998

Remarque comme ça, je ne me suis pas trop penché sur le problème.

Si on laisse faire, les erismatures à tête blanche vont être "bouffées" par les rousses. Restera-t-il ailleurs des érismatures à tête blanche?

Par contre, si on éradique, je crois qu'il reste des érismatures rousses dans leur habitat d'origine, que j'ai oublié.

 

réponse de Gilles Vannier <vannier@apro.fr>, "Re: érismatures", 19 janvier 1998

>Hélas, non, les hybrides sont féconds : il y au moins des hybrides F2.
>De plus la Rousse est plus aggressive et les mâles prennent le pas sur
>ceux à tête blanche ce qui favorise cette hybridation.

Honte sur moi, pris en flagrant délit par Alain FOSSE, en affirmant à tort que l'union des deux érismatures donnait des produits stériles!

>> autant due à son introduction par l'homme
>> qu'aux destructions opérées par l'homme.
>> ?????

Je voulais dire que d'un part l'homme a introduit l'Érismature rousse, et que d'autre par il s'était ingénié à détruire l'habitat de l'érismature à tête blanche (sauf depuis les mesures récentes prise en Espagne).

En fait, je ne conteste pas vraiment la décision d'éradication de l'érismature rousse. Ce que je conteste, c'est la bonne conscience avec laquelle cela se fait:

- la diversité biologique est un sujet qui devrait intéresser tous les citoyens, et une décision d'éradication est actuellement prise par des comités d'experts sans large consultation.

- Le développement des transports et les risques d'introduction qui en découlent sont maintenant des facteurs normaux qui influencent nos écosystèmes. Bien moins d'ailleurs qu'un autre facteur anthropique, la prédation due au chat domestique (pour lequel il n'existe aucun programme sérieux d'éradication :-) ). Et certaines des évolutions qui en découlent sont irréversibles.

En fait, en décidant de l'éradication de l'érismature rousse, nous prenons une décision où réside une contradiction interne: pour apporter une solution à un problème dû à une intervention agressive de l'homme sur la nature, nous choisissons une intervention agressive de l'homme sur la nature. Celà a forcément ses limites.

 

réponse de "Alain FOSSE" <AlFosse@chu-angers.fr>, "Re: érismatures", 19 janvier 1998

> En plus, cette érismature à tête rousse se croise volontiers avec
> l'érismature à tête blanche (et réciproquement), les produits étant
> stériles (il s'agit réellement de deux espèces linnéennes).

Hélas, non, les hybrides sont féconds : il y au moins des hybrides F2.

De plus la Rousse est plus aggressive et les mâles prennent le pas sur ceux à tête blanche ce qui favorise cette hybridation.

> Le problème reste cependant entier. Dans quel mesure les protecteurs de la
> nature peuvent-ils prôner l'extermination d'une espèce naturelle

Pas naturelle en Europe !

> autant due à son introduction par l'homme
> qu'aux destructions opérées par l'homme.

?????

>S'agit-il de la protection d'une
> espèce menacée ou simplement d'un combat d'arrière garde pour se donner
> bonne conscience? Si l'avenir est à l'érismature rousse, pourquoi s'y
> opposer?

Pour l'instant l'avenir doit plutôt être à la Tête blanche qui grâce aux efforts des Espagnols remonte lentement mais sûrement ses effectifs. Il serait dommage que ces efforts soient anéantis par une expérimentation génétique incontrôlée...

Les italiens qui veulent réintroduire la Tête blanche doivent se faire eux aussi... une tête blanche...

 

réponse de Gilles Vannier <vannier@apro.fr>, "érismatures", 18 janvier 1998

Retransmission d'un message de Marie-Claire Lemaire, Ste-Foy (Québec), mclemair@riq.qc.ca

>Pour quelle raison, bon sang, veut-on éradiquer les érismatures?

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réponse de Gilles Vannier;

L'extermination des érismatures rousses est un cas simple d'épuration ethnique, conséquence d'un immigration indésirable (pour certains).

Les érismatures rousses sont un espèce originaire d'Amérique du Nord, importée au Royaume-Uni (territoire dont la complicité avec l'Amérique du Nord est bien établie) commes espèce d'agrément, qui s'est trouvée bien en Europe et se reproduit naturellement, étendant son aire vers le Sud.

Vers le Sud, où tente de subsister l'érismature européenne à tête blanche, gravement menacée par les menaces que font peser sur son habitat les humains de tous types (à tête blanche et à tête rousse, notamment...).

En plus, cette érismature à tête rousse se croise volontiers avec l'érismature à tête blanche (et réciproquement), les produits étant stériles (il s'agit réellement de deux espèces linnéennes).

Ce qui limite d'ailleurs la portée de ma démonstration, volontairement polémique. Il s'agit en effet d'une épuration inter-spécifique, considérée généralement comme moralement plus acceptable qu'une épuration ethnique!

Le problème reste cependant entier. Dans quel mesure les protecteurs de la nature peuvent-ils prôner l'extermination d'une espèce naturelle, dont l'expansion est dans ce cas autant due à son introduction par l'homme qu'aux destructions opérées par l'homme. S'agit-il de la protection d'une espèce menacée ou simplement d'un combat d'arrière garde pour se donner bonne conscience? Si l'avenir est à l'érismature rousse, pourquoi s'y opposer?

Et si cette extermination est souhaitable, doit-elle être décidée uniquement par des comités d'experts, finalement sans réel contrôle démocratique?

Ma réponse est bien sûr un peu provocante. mais peut-il en être autrement alors que par exemple, Emmanuel Naudot <Emmanuel.Naudot@um.erisoft.se> nous indique que les suédois s'inquiètent de la raréfaction de l'étourneau alors que par exemple l'Australie extermine les étourneaux qui essaient de traverser le désert de Nullarbor, pour passer du Sud-Est au Sud-Ouest de ce pays? Il semble qu'il n'y ait pas qu'une seule vérité.

 

contribution d'Alain Fossé <alfosse@bigfoot.com>, "Erismature rousse en France", 18 janvier 1998

Lu dans le dernier bulletin de l'ONC (n° 239, déc. 1998, p. 2) :

"Éradication des Érismatures rousses en France"

En application de l'arrêté autorisant la destruction par tir des Érismatures rousses échappées dans la nature, 17 interventions ont été effectuées depuis 1996.

A la date du 1er mars 1998, 8 Érismatures rousses ont été tuées. 4 observations ont été réalisées durant la seule année 1998 : une en Loire-Atlantique et 3 dans l'Indre. Des difficultés d'action sont notées en particulier dans les Réserves naturelles.

 

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