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Caille des blés

Coturnix coturnix

 

contribution de Sebastient, "Re: dossier cailles: HELP!", 08 Nov 2000

Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

On peut en effet penser que les cailles hybrides, japonaises voire même des cailles des blés pures ont des chances de survie très minces en Europe du Nord, et en particulier en France. Par contre, on observe de plus en plus d'hivernants dans le sud de l'Espagne et au Portugal.

[..]
Si les cailles des blés migratrices qui arrivent en France se reproduisent avec d'autres cailles migratrices, l'ensemble des petits issus de telles couvées seront migrateurs.
Si les cailles des blés migratrices qui arrivent en France se reproduisent avec des cailles sédentaires (japonaises ou hybrides venus des élevages et lâchés au début de la saison de reproduction), une grande partie issu de telles couvées seront sédentaires, et ne pourront pas survivre à la rigueur hivernale. Ainsi, les cailles des blés migratrices venus en France n'auront pas légué leur patrimoine génétique, et en particulier leur impulsion migratoire.
En conclusion, disparition des cailles des blés au Nord, et apparition d'une population hybride dans le sud.

[..]
En ce qui concerne la Caille, on ne dispose pas de données de terrain permettant d'évaluer le degré de pollution actuelle des populations. On sait que des milliers de cailles hybrides et de cailles japonaises sont élevées et relâchées en milieu naturel chaque année. Au contraire de la Perdrix et du Faisan par exemple, on ne dispose pas de données sur la survie des individus relâchés, tout simplement parce que les lâchers de cailles d'élevage sont interdits! On peut penser qu'une grande fraction périt dans les jours suivants les lâchers. Mais sur des centaines de milliers d'individus, on peut penser que certains survivent. Et au contraire de la Perdrix et du Faisan, certains individus pourraient migrer vers des endroits plus favorables comme le sud de l'Espagne. Il y a un moment de distinguer une caille d'élevage d'une caille sauvage. Chez les cailles d'élevage, les trois rémiges les plus externes sont en général abimées (cassure du rachis à l'extrêmité). Les oiseaux s'abiment souvent dans les volières ou les hangars où ils sont stockés. Une enquête a montré que sur 10000 cailles tirées dans les Pyrénées, 10% présentaient cette particularité.

Il est vrai qu'une bonne partie de ces considérations sur l'avenir des populations naturelles est spéculative. Quoique. On s'est rendu compte derniérement que les premiers lâchers de cailles japonaises domestiques en Europe datent du milieu des années 70. Ainsi, ces lâchers ont peut être accéléré les processus de sédentarisation observés dans le sud de l'Europe.
Comment le savoir?
Des prélevements dans les populations naturelles pour effectuer des analyses génétiques pourraient apporter des elements de réponse. Mais cela coûte très cher. Les travaux sur les aptitudes migratoires, les analyses de chants, les expériences de sélectivité des femelles et de dominance entre les mâles que j'ai briévement exposés derbiérement, ont été effectué en laboratoire et en volière. L'obtention d'une bourse pour effectuer de tels travaux a été particuliérement difficile, étant donné les pressions politiques des milieux cynégétiques. La production d'oiseaux de tir est un marché juteux (15F la Caille environ). Il est très facile de s'en procurer, et les publicités affluent chaque année dans les journeaux locaux, sur le net...Que font les organismes normalement compétents pour verbaliser de telles pratiques? Rien! Pourquoi: pour ces mêmes raisons politiques, et parce qu'on attend de voir réellement les dégâts sur les populations pour se pencher sur le problème, comme dans le cas de la Perdrix choukar, enfin interdite depuis peu pour le lâcher en milieu naturel.

La Perdrix rouge
La Perdrix rouge est menacée en Europe par les croisements répétés avec la Perdrix chouckar. Une enquête ONC devrait paraître bientôt.
Il ya différents exemples chez les Batraciens (article d'Haffner (muséum national d'histoire naturelle), 1998 que je ne retrouve pas dans mon fouillis...).
Voir aussi le courrier de la nature spécial réintroductions (mars ou avril 2000), et le site de l'ANCER.
Désolé, je ne peux pas citer beaucoup d'exemples concrets mais il en existe! (je tâcherai de retrouver la pochette ou j'ai stocké une partie de ces documents).

 

contribution de Pierre Leprince, pleprince@ulg.ac.be, "Re: dossier cailles: HELP!", 08 Nov 2000

Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

Le problème est qu'il n'y a pas a proprement parlé de sélection naturelle parce que les lachers d'oiseaux d'élevage sont annuels. Chaque printemps les migrateurs qui reviennent sont confrontés à une nouvelle population d'oiseau d'élevage maintenue artificiellement et dont les gènes "anti-migratoires" prédominent parce que ces oiseaux sont plus performants en terme de reproduction lors des hybridations. Les gènes "pro-migratoires" seraient donc neutralisés dans le pool génétique des hybrides qui sont ensuite éliminés par la chasse ou les rigueurs hivernales. Effectivement on a donc un "génocide" sélectif de certains caractères sauvages.

 

contribution de Philippe.Renard, Philippe.Renard20@wanadoo.fr, "dossier cailles: HELP!", 7 Nov 2000

STOP!
Je ne pige strictement plus RIEN à cette histoire de cailles. Ce débat m'intéresse vivement et m'a appris beaucoup de choses, mais je crois qu'il faut absolument s'en tenir aux faits pour y voir clair.
Les lâchers inconsidérés d'animaux sont une mauvaise chose, pour des raisons écologiques, génétiques et sanitaires. Dans le cas présent, le principal risque semble être une disparition du caractère migratoire de la caille.
Bon.

Alors, questions:

-Si le caractère sédentaire est néfaste, comment les oiseaux (hybrides) qui le présentent pourront-ils être naturellement sélectionnés au point de menacer les populations migratrices (ces dernières échappant d'ailleurs à une partie de la période de chasse), alors que les rigueurs hivernales doivent éliminer ce phénotype?
Les allèles néfastes ne vont-ils pas alors être purgés en quelques générations?

-La caille européenne étant migratrice (au fait, l'existence d'individus "de souche européenne pure" non migrateurs est-elle ou non une réalité?), on peut effectivement supposer que ce caractère présente un avantage évolutif. Dans ce cas, quel facteur peut empêcher les migrateurs de conserver cet avantage, et à leurs populations de persister - alors, encore une fois, que les autres sont censés être contre-sélectionnés?

-Sans philosopher encore une fois sur l'effet-de-serre-que-nous-sommes-tous-coupables-lamentons-nous-mes-frères, il a été constaté certaines espèces méridionales remontent actuellement vers le Nord (bouscarle, guêpier, héron garde-boeuf, etc...). Le réchauffement sensible de la planète au cours du prochain siècle semble inéluctable, avec pour conséquence des hivers de plus en plus doux. Les "moins migrateurs" des sujets européens ne vont-ils donc pas pouvoir naturellement hiverner dans les zones de nidification, conduisant ainsi à une évolution spontanée du comportement de l'espèce?

-Les suivis génétiques de truites effectués pour mesurer l'efficacité des "repeuplements" (lâchers massifs de poissons de pisciculture) ont établi que ces derniers disparaissaient pratiquement toujours sans laisser la moindre trace, et que les souches naturelles persistent quasi-inchangées, malgré l'incroyable inondation génétique qu'elles subissent. Sait-on si la chose est différente dans le cas des oiseaux?

-On considère que l'introduction d'individus exotico-domestiques constitue une source de pollution génétique dangereuse pour les populations sauvages.
C'est vraisemblable - mais je suis incapable de citer une espèce européenne dans ce cas. Quelqu'un peut-il me donner un exemple avéré, EN PRECISANT LES EFFETS DELETERES OBSERVES SUR L'ESPECE ET L'ESTIMATION DE LA REGRESSION AINSI PROVOQUEE, par pitié ? (Je considère le cas de l'érismature comme à part, car l'érismature rousse n'a à ma connaissance pas été sélectionnée ou croisée en captivité, et ne fait pas l'objet de lâchers intensifs. Quant au colvert, le dynamisme de l'espèce ne semble pas affecté par ses multiples croisements, et de nombreuses espèces européennes ""pures"" sont plus menacées que lui.)

Encore une fois, je m'oppose à la dissémination de bestioles plus ou moins douteuses dans la nature (assez de désastres écologiques ont été provoqués de cette façon), mais la théorie pure ne me suffit pas. J'espère donc que des personnes mieux informées et plus compétentes que moi voudront bien m'éclairer.

 

contribution de Sebastien, "Re: caille japonaise", 07 Nov 2000

Pourquoi les cailles ne pourraient-elles pas vivre dans le sud et meme le centre de la France? Par exemple au Maroc, ou les hivers sont comparables, nous trouvons des cailles sedentaires, alors que le gros de la troupe migre.

Le déclin de la Caille des blés en Europe peut s'expliquer par des changements dans la fréquence des phénotypes migratoires:
- une chute des oiseaux long migrants pour deux raisons: (1) la sécheresse qui sévit au Sahel depuis quatre décennies affecte l'ensemble de l'avifaune migratrice qui hiverne en Afrique, (2) le changement des pratiques agricoles sur les aires de reproduction européenne (épandage d'insecticides...);
- une augmentation des phénotypes moyen migrants et des sédentaires. Le développement de l'irrigation au Maghreb depuis les années 50 est à l'origine d'un enrichissement faunistique et floristique important. Les cailles trouvent des conditions plus favorables pour hiverner et se reproduire. Après les premières couvées en février mars, certains reproducteurs et les jeunes de l'année viennent renforcer les effectifs de reproducteurs (venus de plus loin comme du Sénégal par exemple) en Europe. Il faut noter que la sédentarisation est également constatée en Espagne et au Portugal. Ainsi, si les cailles sédentaires (caille des blés, japonaises ou hybrides) ont des chances minimes de survivre en Europe du Nord, les conditions de l'Europe du sud sont plus propices à leur survie. Si on continue à lacher des cailles japonaises ou des hybrides, on peut craindre la disparition de la Caille des blés dans le nord et le centre de l'Europe, et son remplacement dans le sud par une population hybride majoritairement sédentaire.

Les lâchers de cailles d'élevage ne concernent pour l'instant que l'Europe: France, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Grèce. On peut craindre que les rares hybrides migrateurs véhiculent la pollution jusqu'au Maghreb qui constitue (pour l'instant) le véritable réservoir naturel de la Caille des blés.

 

contribution de Lucette et Gérard, luge@globetrotter.net, "Re: caille japonaise", 6 Nov 2000

Pourquoi les cailles ne pourraient-elles pas vivre dans le sud et meme le centre de la France? Par exemple au Maroc, ou les hivers sont comparables, nous trouvons des cailles sedentaires, alors que le gros de la troupe migre.

 

contribution de David Rousseau, rousseau_A_lal.in2p3.fr, "caille japonaise", 6 Nov 2000

Bon, donc, cela signifierait que les hybrides seraient tres defavorisees et disparaitraient tres rapidement car ne migrant pas. Le probleme ne serait grave que si la proportion de caille europeennes s'hybridant avec des cailles japonaises etaient importantes, car cela reviendrait a les steriliser. Est-ce le cas ?

 

contribution de Sebastien, "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

Le probleme avec les oiseaux d'elevage ce sont les criteres de selections qui different selon le but poursuivi par les eleveurs. Criteres qui n'ont rien a voir avec la selection naturelle.
Pour la caille japonaise un des criteres est d'en faire des petits poulets, elle se nomme alors caille royale, mais elle ne vole plus.
En elevage ces oiseaux ne couvent pas. Qu'en est-il quand elles sont en liberte?
Au Quebec nous avons le cas d'une hybridation naturelle canard colvert x canard noir.
Certains biologistes pensent meme que le canard noir va disparaitre.

Les chasseurs ont sélectionné dans les souches de "cailles de chair" (Caille japonaise domestique) certaines caractéristiques comme l'aptitude au vol, histoire d'en faire un gibier plus agréable à approcher, qui se rapprocherait le plus de la Caille sauvage.
Rappelons qu'en France, l'élevage de la Caille des blés est interdit mais pas celui de la Caille japonaise.
Ils peuvent donc en toute légalité sélectionner des caractéristiques morphologiques et comportementales (comme l'émotivité des oiseaux par exemple). Par contre, ils ne peuvent en aucun cas relâcher ces individus en milieu naturel.

Les cailles japonaises domestiques sont capables de couver leurs oeufs, pour peu qu'on leur laisse de l'espace: une volière avec un couvert végétal léger fait très bien l'affaire. Seule la femelle participe à l'incubation et à l'élevage des jeunes, même si quelques rares observations font état d'une participation des mâles. Ces expériences ont bien entendu été effectuées en milieu semi-naturel (grandes volières).
En ce qui concerne l'hybridation entre le Canard colvert en Amérique avec le Canard noir, il me semble que c'est le même problème, à savoir qu'on a élevé et relâché en masse du Colvert, même si ce dernier était déjà présent avant les lâchers.

 

contribution de Philippe.Renard20, Philippe.Renard20@wanadoo.fr, "Cailles de Toussaint", 6 Nov 2000

Je ne m'attendais pas à déclencher une réaction en disant simplement que la présence d'une caille en France en novembre "n'était pas forcément grave".
En effet, l'observation d'un oiseau isolé n'indique strictement rien de l'abondance et de l'état des populations locales (pas plus que celle d'un bécasseau égaré après une tempête par exemple)-... surtout lorsque les fusils sont de sortie. C'est inquiétant si cet oiseau est un hybride, mais on a déjà observé des cailles isolées apparemment non hybridées à cette période de l'année.(Ajoutons que l'automne a pour l'instant été exceptionnellement doux et que la nourriture est toujours abondante)

Pour ce qui est des érismatures ou des perdrix, il s'agit d'espèces (alloespèces pour les perdrix). Chez les cailles, sauf erreur de ma part, la proximité génétique est sensiblement plus grande puisque C. coturnix et C. japonica semblent former une superespèce (sympatrie des deux formes en Mongolie?) -bien qu'apparemment certains y voient encore deux simples sous-espèces. La différence entre les deux formes est donc faible, et, en se faisant l'avocat du diable, on peut se demander si le péril est vraiment grand. D'autre part, le statut UICN de conservation de l'érismature à tête blanche ("vulnérable", avec 14 000 couples dans le monde) est sensiblement plus alarmant que celui de la caille européenne.

La remarque méfiante exprimée par S. Dumont au sujet de la "pureté de la race" est très judicieuse et j'y adhère sans réserve. Les espèces ne sont pas des entités figées et immortelles (leur durée de vie moyenne est de quelques centaines de milliers d'années -rien du tout à l'échelle de l'évolution). D'autre part, les allèles défavorables éventuellement introduits dans une vaste population sont par définition contre-sélectionnés. Pour ce qui est de la pollution génétique, ce concept et ses conséquences sont effectivement floues (certaines espèces sont vraisemblablement le fruit d'hybridations naturelles)- mais le "principe de précaution" (les internautes français doivent connaître...) exigerait tout de même une surveillance vigilante.

De toute façon, les lâchers intempestifs d'animaux dans des régions dont il ne sont pas originaires-surtout à des fins purement "récréatives"- sont clairement une très mauvaise chose, et pas seulement pour des raisons génétiques.

 

contribution de Sebastien, "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

Oui l'hybridation est une catastrophe! En s'hybridant avec les cailles japonaises d'élevage qui sont sédentaires, les rares long migrateurs qui arrivent encore d'Afrique pour se reproduire en Europe, et en France en particulier, vont produire des hybrides dont une grande majorité sera sédentaire. Sous les latitudes européennes, on peut prévoir qu'une grande partie de ces oiseaux vont périr. Ce qui signifie que le patrimoine génétique des oiseaux long migrants ne survivra pas, et donc adieu la Caille des blés en France!

Il s'agit là des conséquences de l'anthropisation poussée à l'extrême: relâcher dans la nature des milliers d'oiseaux (pour la plupart pas adaptés au milieu et dont une grande partie périra dans les premiers jours de lâchers, ou alimentera les populations de prédateurs comme le Renard par exemple) pour le plaisir de tuer!

Cela témoigne des limites de l'Homme dans la gestion des populations. Je n'ai à aucun moment fait allusion aux hybridations naturelles! Près de 10% des oiseaux s'hybrident en milieu naturel "naturellement". Si la Caille japonaise qui vit encore à l'état sauvage en Asie venait à conquérir l'Europe, il n'y aurait aucune raison "éthique" à s'y opposer! Mon discours n'était certainement pas celui d'un extrêmiste prônant la pureté de la race! Seulement celui d'un amoureux de la nature qui aimerait encore entendre longtemps le chant de la Caille des blés dans les campagnes.

 

contribution de Nelly Boutinot, nboutinot@nordnet.fr, "Re : Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 06 Nov 2000

En France, les importants lâchers d'oiseaux d'élevage (par millions) sont un facteur d'affaiblissement des souches sauvages, et dans ce cas, il est impossible de dire que ce ne serait pas préjudiciable aux espèces.
Mais j'espère que la France est la seule triste exception? Qu'en est-il au Canada?
Nelly Boutinot
Porte-parole du ROC - Directrice de la Communication
ROC - BP 261 - 02106 SAINT QUENTIN CEDEX
http://www.roc.asso.fr

[Note de l'archiviste
ROC : Rassemblement des Opposants à la Chasse
]

 

contribution de Serge Dumont, , "Re: Bresse...Hybrides... une catastrophe???", 5 Nov 2000

l'hybridisation n'est pas une catastrophe. Elle signifie que ces oiseaux ne sont pas isoles genetiquement et que des que l'isolement geographique est rompu pour "x" raisons (e.g. changements climatiques sur des milliers d'annees, activites humaines, expansion propre a l'espece, etc.) ces oiseaux reussissent a produire des descendants fertiles.

Pour etre catastrophe, il faut effectivement s'attacher a une conception ou le CARACTERE de l'oiseau, i.e. sa couleur, son chant, ses genes, etc. est plus important a preserver que tout autre chose. En d'autres mots, etre catastrophe revele une perception phylogenetique de l'espece plus qu'autres choses. Je ne verrais pas un adepte de la classification biologique des especes etre aussi mis a mal face aux hybrides...

Par ailleurs, j'avoue me sentir mal a l'aise face a tous ces attachements a la purete genetique...
Chez l'humain, ce concept phylogenetique a ete abandonne pour s'en tenir a la classification biologique de l'espece humaine. La purete genetique chez l'humain rappelle certains debats sociaux sur le racisme, l'eugenisme...
On a eu plusieurs horreurs avec ce concept; e.g. genocides des Tutsis, Juifs, Armeniens, etc. au nom de la "purete genetique ou purete d'une nation"...

Pourquoi ce qui est inacceptable pour l'humain le serait pour la classification des oiseaux?

Je ne peux m'empecher de craindre qu'un jour un tyran de ce monde se base sur la classification des animaux qui est majoritairement phylogenetique pour proposer un nouveau plan de "purete genetique" humaine. Apres tout dirait-il, il est hypocrite de classer l'humain autrement que les autres animaux...

Par ailleurs, le concept de "pollution genetique" me semble tres fort. Comme si cette "pollution" faisait consensus! Comme si cette vision etait la vision absolue du phenomene de l'hybridisation!

D'ou nous viens donc ce concept statique de la vie? La vie est dynamique et l'ADN, les caracteres phylogenetiques des etres vivants changent et changeront que l'on s'en "catastrophe" ou non. C'est aller "contre nature" que de vouloir figer dans le temps les caracteres actuels genetiques ou autres des oiseaux.

Chaque espece animale n'apparait pas sur cette Terre, soudainement et avec tous ses caracteres bien definis et immuables. Le penser c'est se faire Creationniste.

N'y aurait-il pas dans le courant phylogenetique un autre courant assez conservateur, religieux et creationniste? Je me le demande.
Serge Dumont
Lachine, Quebec

 

contribution de Sebastien, "Re:Bresse du Jura", 05 Nov 2000

Bref, une caille en hiver, ce n'est pas forcément anormal, ce n'est pas forcément grave, mais il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir...

Je viens de terminer mon doctorat sur l'hybridation entre la Caille des blés et la Caille japonaise. Ce travail a mis en évidence les risques de pollution génétique des populations naturelles de Caille des blés par les lâchers de cailles d'élevage (travail dirigé par J.-C. Guyomarc'h).
J'aimerais apporter quelques compléments d'information sur ce qui a été évoqué précedemment. Je pense que beaucoup de gens banalisent ces lâchers comme le précedent intervenant: "ce n'est pas forcément grave" même s'il ajoute: "qu'il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir."

Au contraire c'est très grave! Les lâchers d'animaux exotiques ou domestiques ont eu des conséquences désastreuses un peu partout sur le globe, par suite de l'hybridation avec les individus autochtones d'autres espèces proches: l'Erismature rousse en Europe du sud avec l'erismature blanche, la Perdrix choukar qui s'est hybridée avec la Perdrix rouge (on pense d'ailleurs que la population actuelle d'Angleterre est principalement hybride), le Colvert un peu partout dans le monde, sans oublier le fameux "cochonglier" qui a causé de graves préjudices aux agriculteurs français. Depuis longtemps, les lâchers de cailles japonaises domestiques ont été banalisés, en partie sur la base des résultats médiocres d'hybridation artificielle entre la Caille des blés et la Caille japonaise, obtenus par des zoologistes italiens dans les années 60. Au contraire, nous avons montré récemment qu'il était facile de produire des hybrides de différentes générations: F1, F2 et rétrocroisés (parent Caille des blés x parent hybride), aussi viables et féconds que les souches parentales. Mais les éleveurs de "cailles de tir" n'ont pas attendu ces résultats scientifiques pour produire des hybrides! Cette technique est couramment utilisée depuis le début des années 90, sans doute pour améliorer les qualités de vol des oiseaux relâchés.

Il faut rappeler au passage que les lâchers de cailles sont totalement interdits. L'élevage de la Caille des blés est interdit en France, mais pas celui de la Caille japonaise. Celle-ci est considérée comme animal domestique et ne peut être abattu que dans des abattoirs, et en aucun cas en milieu naturel. Il faut également rappeler que les deux espèces (ou sous espèces) sont très difficiles à distinguer morphologiquement. Le seul critère fiable est le chant des mâles ("déterminé génétiquement" au contraire des oiseaux chanteurs qui ont besoin d'entendre d'autres congénères pour apprendre à chanter). Les hybrides produisent des chants intermédiaires entre les chants des deux espèces.

Les risques d'hybridation sont réels sur le terrain car si la plupart des chasseurs relâchent ces oiseaux d'élevage quelques jours voire le matin même de la chasse, certains avouent tenter des "repeuplements" par des lâchers en début de saison de reproduction. Même si les femelles de Caille des blés présentent une sélectivité relative pour les mâles de leur propre espèce (réponse vocale à des chants de Caille des blés, de Caille japonaise et d'hybrides), les femelles de Caille japonaise ne sont pas sélectives du tout, sans doute une conséquence de la domestication (affaiblissement de la selection sexuelle des femelles car depuis des centaines de générations, c'est l'Homme qui forme les couples!). De plus, certains éleveurs sélectionnent chez leurs "cailles de tir" des critères de "nervosité" afin de produire un gibier "plus agréable à tirer" pour les chasseurs. Nous avons montré dans une expérience (en milieu semi naturel, je vous rassure!) que des mâles (hybrides) issus d'un de ces élevages dominent très nettement les mâles de Caille des blés, en présence d'une femelle.

Si la Caille des blés qui vient se reproduire en France est migratrice, la Caille japonaise a perdu toute impulsion migratoire, par suite de la domestication. On a montré en laboratoire (avec des enregistrements d'activité) qu'une faible proportion d'hybrides de 1ère génération présente une impulsion migratoire. Ainsi, si les rares migrateurs qui arrivent encore en France se reproduisent avec ces cailles d'élevage, il y a beaucoup de chances pour que leurs petits ne soient pas migrateurs, restent sur les aires de reproduction, et finissent par périr durant l'hiver. Ces hybrides pourraient trouver des conditions plus propices à leur survie en Europe du sud (Espagne, Portugal) où les effectifs d'hivernants augmentent chaque année. De même, les rares hybrides migrateurs pourraient véhiculer la pollution jusqu'au Maghreb qui constitue le réservoir naturel actuel de la Caille des blés.

Si certains éleveurs et chasseurs ne produisent et relâchent que quelques individus par ci par là, c'est par milliers que certains élevages industriels les produisent. J'ai appris derniérement que 50000 "cailles de tir" produites par un éleveur italien ont servi à alimenter les réseaux de chasseurs espagnols.

Ces lâchers de cailles d'élevage sont banalisés depuis leur origine par l'ensemble de la communauté européenne. Les rapports scientifiques qui font état de ces risques réels de pollution génétique feront peut être avancer les choses.

Peut être que d'ici une vingtaine d'années (le temps qu'on a attendu pour interdire les lâchers de Perdrix Choukar, après s'être rendu compte des risques que faisaient courir de telles pratiques aux populations autochtones de Perdrix rouge), des dispositions seront prises, mais il sera sans doute trop tard....

J'espère vous avoir convaincu que la situation est beaucoup plus grave qu'on ne le pense en général. J'ai tenté ici de résumer cette situation en quelques lignes, aussi n'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de précisions! Je suis également intéréssé par tout témoignage sur des observations de Caille des blés (mais aussi japonaises et hybrides) en milieu naturel.

 

contribution de Philippe.Renard20, "Re: Bresse du Jura", 5 Nov 2000

Berf, une caille en hiver, ce n'est pas forcément anormal, ce n'est pas forcément grave, mais il n'y a pas forcément de quoi s'en réjouir...

L'Atlas des oiseaux de France en hiver (1977-1981) ne mentionne pas la caille des blés comme hivernante régulière. P. 540-541, Guyomarc'h indique qu'elle a été notée "plusieurs fois, principalement en décembre, dans les Deux-Sèvres, la Haute-Garonne et l'Ariège d'une part, dans l'Ardèche, le Gard et la Corse d'autre part, et exceptionnellement ailleurs dans le tiers SO de la France." Concernant le détermnisme du caractère migratoire, "certaines, observées en novembre, sont probablement des migratrices tardives, comme l'indique le niveau d'accumulation de lipides constaté [...]; d'autres ne l'ont pas [...]. Il existe en effet une variabilité [...] naturelle considérable dans la tendance migratoire des descendants de parents longs migrateurs. Jusqu'à 5% d'entre eux peuvent n'exprimer aucun caractère migratoire dans leur premier automne: ni accumulation lipidique ni activité nocturne".

Dans l'Atlas des Oiseaux nicheurs 1985-1989, le même auteur signale une forte régression des populations migratrices de cet oiseau. Parmi les raisons évoquées "les éleveurs professionnels recherchent actuellement à créer des lignées hybrides qui échapperaient à la législation en vigueur, programmant à court terme la fin des cailles migratrices au long cours". Les lâchers "[...] sont très dangereux par les risques réels de pollution génétique qu'ils engendrent quans ces cailles, qui sont toujours d'origine asiatique, sont introduites inconsidéreément en été sur les territoires de reproduction de la caille européenne." (Situation il y a 8 à 10 ans donc). Enfin, le rapport Lefeuvre (1998) signale "une très importante dérive génétique" causée par l'hybridation avec des individus de la sous-espèce Japonica, lachés pour le tir, et sa manifestant entre autres par une "[...] perte plus ou moins importante de l'aptitude à la migration des sujets hybrides."

 

contribution de Cyrille Deliry, Deliryc64@aol.com, "Re: Bresse du Jura", 5 Nov 2000

Ainsi, 1 Caille des blés était présente sur une digue de cette dernière en fin d'après-midi du 4 novembre !
Y a-t-il des dates aussi tardive à la même latitude ailleur en France ?

Sur mon site dans la partie Histoire des Oiseaux de l'Isère à http://www.deliry.com/birds/tet.html (page des Gallinacés), j'ai écrit...
"On parlait jadis de Cailles d'hiver!...Une caille a été tuée le 2/1/1966 à Bougé-Chambalud (presse) et OLPHE-GALLIARD (1891) signale qu'elle était parfois tuée en XI dans la région lyonnaise.
Au sujet du passage d'automne, la migration normale commençait autrefois vers le 15/9 comme en témoigne cette remarque du docteur Château qui les considère comme plus précoce en 1925 (20-25/8) (bull.BioClub, n°68). Nous n'avons pas de donnée automnale récente hormis une reprise au passage d'automne 1966 d'un oiseau bagué en Italie."
Cyrille Deliry (Morestel - 38 / France)
Site du Grand Père Soulcie

 

contribution de Marc Giroud, le_juv@yahoo.fr, "Bresse du Jura", 4 Nov 2000

Quant il n'y a pas de rareté sur la gravière de Desnes, il y a des anachroniques ! Ainsi, 1 Caille des blés était présente sur une digue de cette dernière en fin d'après-midi du 4 novembre !
Y a-t-il des dates aussi tardive à la même latitude ailleur en France ?

 

contribution de Sébastien, "cailles de tir", 27 Sep 2000

je suis à la recherche d'anecdotes ou d'observations concernant les lâchers de Caille par les chasseurs, en France ou en Europe.

 

question de michael sauvage <troie@caramail.com>, "Caille des bles", 9 décembre 1998

Bonjour,

j'ai observe (a ma facon) une caille dimanche 15 novembre 1998 en Baie de Seine.

Elle se trouvait dans un champ de mais inonde dont certains endroits etaient secs.

C'est la premiere fois que je leve cet oiseau dans le marais. Son vol etait tres nerveux et rapide. Cependant, voir une caille le 15 novembre, cela me parait un peu etrange. Ainsi, je me dis que c'est peut-etre une caille d'elevage. Sur ce, le peu de cailles d'elevage que j'ai rencontre dans ma vie ont toujours tres mal supporte le froid et specialement la pluie. Vu ce qui etait tombe ces derniers jours... Une derniere chose est sure, c'est qu'elle n'avait pas ete lachee le matin meme.

Si quelqu'un sait comment reconnaitre une caille sauvage d'une caille d'elevage (caille du japon je crois), merci de me le faire savoir.

PS: un ami espagnol m'a dit qu'il levait des cailles en hiver dans les rizieres et meme en montagne (1700 m).

 

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