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Aigle royal

Aquila chrysaetos

 

Contribution de Luc Mortier , "Re: Aires d'aigles" , 26 Apr 2002

> Je suis tout à fait d'accord avec Ollivier Daeye. Chacun sa conscience : il
> y a partager et partager.

Pour la première fois que je mets les pieds sur ce site, je crains d'avoir réussi mon entrée !!
J'arrêterai cette polémique avec ce message mais je tiens à dire à tous que : - personne n'a l'exclusivité de l'amour des rapaces .
- personne ne détient la vérité quant à leur protection.
- cette polémique qui oppose des gens manifestement tous aussi attachés à la sauvegarde de la faune est basé sur une info qui ne permet en aucun cas de localiser l'aire en question sauf à y passer plusieurs jours comme je l'ai fait moi même. Cette polémique n'avait en fait pas lieu d'être et je n'avais en tout cas pas du tout l'intention de l'initier
- J'ai toujours connu ces deux positions, légitimes l'une et l'autre si elles sont effectivement basé sur un soucis de protection des rapaces et non des ornithologues labellisés . Je réclame le droit à chacun d'agir en son ame et conscience et de s'adapter à chaque situation sans recevoir des leçons au premier mail venu !

Voilà des années que j'observe et fait observer la faune à mes clients et stagiaires en formation et je suis fier d'avoir suscité quelques vocations d'observateurs amoureux qui partagent désormais leur nouvelle passion avec leurs enfants, leurs amis ..

Alors si vous connaissez des sites de nidifications de rapaces, des stations d'orchidées ou autres lieux à risques, ne me le dites surtout pas car j'y emmènerai illico nombre de mes clients et amis : Peut-être nous approcherons nous seulement un peu moins que la plupart d'entre vous ....

Luc Mortier
Accompagnateur en Montagne
Guide Naturaliste
Formateur aux métiers du tourisme rural
La ruche - 63 chemin des breux - 38250 VILLARD DE LANS
PARC NATUREL REGIONAL DU VERCORS - FRANCE

 

Contribution de Alexandre VILLERS , "Aires d'aigles" , 25 Apr 2002

Je viens de passer une demi heure à tenter de rédiger un message concernant les aires de rapaces et d'aigles en particulier, mais je n'y arrive pas . Je suis tout à fait d'accord avec Ollivier Daeye. Chacun sa conscience : il y a partager et partager. Pour ma part, quand je pars en obs, je suis parano. Si je sors les jumelles près de la route, je m'arrange pour ne pas être visible, j'ai toujours une excuse valable, que ce soit un tichodrome, des chamois, une plante. Cela peut paraître futile, mais j'ai le sentiment d'être un des gardiens de ces aires et je fais tout mon possible pour qu'on foute la paix aux aigles. Trouver une aire est une tâche difficile, il faut être acharné, prêt à passer des heures à voir voler les corbeaux ou être trempé jusqu'aux os. Quelqu'un qui voudrait en finir avec des aigles ou récupérer un oeuf devrait soit en passer par là, soit se débrouiller pour avoir l'info en or (c'est là que partager avec n'importe qui devient dangereux). La majeure partie des aires que je connais sont accessibles avec un baudrier et une corde de 30 mètres !!! Je ne veux pas voir un photographe ou un autre quidam suspendu à moins de 20 mètres du nid en période de repro...

Une aire que je connais est située à moins de 600 mètres d'une départementale qui doit être dynamitée dans le courant de l'année (je ne mouille pas beaucoup car dans le département les travaux sur les routes sont légions ! ). Quand j'ai su ça, j'ai tout de suite voulu monter au créneau, alerter les associations, la DDE, etc. Puis en y réfléchissant un peu, je me suis rendu compte que ce que je voulais faire risquait de causer la perte définitive d'un couple nicheur. Il n'est pas impossible que les explosions à répétition mettent un terme à la repro cette année. Mais en imaginant que les démarches soient faites, et à moins de mettre un gendarme dans l'aire jour et nuit, je suis pratiquement sûr que les oiseauxs seraient plombés avant la fin de l'été. Il y la loi, les textes qui protègent les rapaces et puis les hommes qui appliquent ces lois ou les enfreignent. Même si les royaux ne pullulent pas, la situation n'est pas trop catastrophique et je préfère voir une repro échouer et les aigles continuer leur vie une dizaine d'années de plus que de trouver 2 sacs de plumes dans un torrent.

Alexandre VILLERS
Maîtrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes
UNSA

 

Contribution de michele.corsange , "Re: Aigle royal" , 8 Jan 2002

J'ai mis du temps avant de répondre mais je voulais vérifier.
Il y a bien prise de serres lors des parades d'Aigle royal, comme chez la plupart des rapaces.
Voici ce que j'ai relevé dans le Cramp :

"....Flight-play occurs, especially if male uppermost, but infrequent. e.g. male drops towards female in mock attack, often with feet lowered, usually passing close ; female may do rapid flight-roll when male near and talon present momentarily before falling, male may rise again and whole process repeated 5 - 6 times..."

Handbook of the Birds of Europe, the Middle East and West Africa, vol II, Cramp.
Cordialement,
Michèle CORSANGE - 13200 - CAMARGUE

 

Contribution de Jean Paul Vieron , "Re: [ORNITHO] Aigle royal, Parc du Mercantour (zone périphériq ue)" , 30 Dec 2001

Pour les comportements des aigles royaux dans la nature ; il n'est pas rare de voir à l'occasion de belles journées d'automne , dès novembre , des parades d'aigles royaux qui s'apparentent a des festons .
les aigles plongent ,les ailes rassemblées , et remontent subitement .
Souvent cela se passe à proximite des aires de reproduction et reproduisent ,des liens d'avant accouplement qui ont lieu en février mars Tous ces préludes qui se font dans le courant de l'hiver sont de bon aloi quant a la présence dans le site de reproduction de l'aigle royal.
Et pour l'observateur , l'affirmation d'une garantie que l'aigle royal va assurer sa reproduction a proximité

 

Contribution de Julien Traversier , "Re: Aigle royal, Parc du Mercantour (zone périphérique)" , 29 Dec 200

je n'ai pas encore observé de pariades cette année, mais depuis fin novembre, j'ai observé dans la Drôme a plusieurs reprises 2 couples toujours près de leur zones de nidification en 2001. Je pense que le fait que tu oberves souvent des aigles aux mêmes endroits peut être un bon indice. En revanche, pour les falaises, le meilleur moment est au printemps : si il y a eut reproduction, tu finiras par voir les parents faire des allées et venues au cour de la journée et tu devrais pouvoir trouver l'aire sans de trop de problèmes et donc te régaler. Voilà, c'est tout ce que je peux t'apporter cô précisions.
Julien Traversier
26600 LARNAGE

 

Contribution de alexandre VILLERS , "Aigle royal, Parc du Mercantour (zone périphérique)" , 28 Dec 2001

4 journées d'observations consécutives d'aigles royaux et les questions qui suivent.

Lundi 24 décembre.

Dans l'arrière pays niçois malgré le soleil, les températures sont frisquettes en cette veille de Noël. Le mercure descend bien sous zéro toutes les nuits, avec un -7°C -9°C. Évidemment, comme j'ai de la chance, l'eau a gelé dans les tuyaux mal enterrés. Je prends ma pioche et mon courage pour sortir affronter l'air glacial et le sol dur comme du béton afin de sortir et réenterrer un peu mieux l'arrivée d'eau.
Je pioche et pioche pendant une vingtaine de minutes... Soudain une ombre passe près de l'outil, de ma main, de ma personne. Je lève la tête et aperçois un aigle royal âgé de 3 ou 4 ans à moins de 50 mètres de moi. Je fonce à la maison, récupère les jumelles et me mets en position. Visiblement l'oiseau ne compte pas s'éterniser et trace sa route de l'autre côté de la vallée. Il est harcelé par une nuée de corbeaux, locataires des lieux. L'un d'eux ira même jusqu'à se percher sur le pauvre rapace, qui accélère d'ailleurs ses coups d'ailes.
Je continue à le suivre, il est à environ 2 ou 3 km de distance et a traversé la vallée. Il cercle en profitant d'une thermique pour gagner de l'altitude au dessus d'un bois de conifères. L'observation durera une 10aine de minutes jusqu'à ce qu'il passe de l'autre côté de la ligne de crête.

Mardi 25 décembre

Depuis deux mois, je recherche sans grand résultat une aire d'aigle; pas pour la piller n'ayez crainte, mais pour pouvoir me dire "tiens, si j'allais rendre visite aux aigles aujourd'hui" et me poster à bonne distance pour voir évoluer ces splendides zozios. Je prospecte donc les falaises situées entre 1600 et 2000 m d'altitude. La période est propice : les marmottes sont rentrées, vu la quantité de neige les avalanches (et donc les morts par avalanche) ne courent pas la montagne. Bref les oiseux descendent de leur sommet (vers 2800 m), pour prendre l'air chaud et se trouver un ou une compagne, ou resserrer les liens existant, c'est qui est du moins écrit dans les livres. Encouragé par l'obs. d'hier, je décide de faire une ligne de crête qui se situe en face de falaises qui me narguent depuis pas mal de temps. Après une pénible approche (les excès de la veille), j'atteints la crête, pose le sac, sort l'appareil photo et guette. D'abord, ce ne sont que des roitelets huppés et quelques mésanges qui me distraient. L'oeil est attirée par une voilure qui passe au dessus des premiers mélèzes, en face de mon point d'obs. Vérification aux jumelles, c'est bien un aigle royal, un superbe adulte au cou éclatant de doré (voir golden eagle). Ca ne dure que quelques instants, il passe de l'autre côté. Je continue la surveillance et plus bas, à la hauteur des falaise qui m'intéressent, c'est un autre adulte qui tourne. Quelques cercle plus tard, il est à mon niveau mais ne peut pas me voir, je suis à moitié caché par les pins. C'est vraiment un régal. Je me demande s'il est avec l'autre, si c'est une femelles qui cherche une aire favorable... L'obs. dure un petit quart d'heure, l'oiseau passe de l'autre côté, comme le précédent. Je reverrai les deux alternativement pendant une demi-heure. Ils disparaissent en direction d'autres falaises plus au nord...

Mercredi 26 décembre

Je prends le soleil sur le toit de la grange, les jumelles à portée de mains. Au même endroit que les aigles hier, une nuée de corvidés tournoient. Je pointe les jumelles en leur direction et finit par apercevoir un peu plus haut que ce je crois être des craves la silhouette d'un aigle royal. L'obs. n'est pas fantastique mais je me délecte toujours de ces "grandes mains" qui glissent sur l'air et porte l'oiseau si majestueusement...

Jeudi 27 décembre.

Je me "fais" les "falaise plus au nord" du mardi 25. Trois heures sur une plate forme à 900-1000 m des tombants de schiste, qui forment, à en croire ce que je vois aux jumelles, des jolis ressauts. Trois à se geler en plein vent. Rien du tout. Il est vrai que la fourchette 10H30 - 13H30 n'est la plus propice...quoique je n'en sache pas grand chose. Je décide d'aller voir les aires potentielles de plus près. 500 m de dénivelée plus haut, juste avant d'enfin voir les falaises, je me fais chasser par 2 patous qui gardent un troupeau... ils sont seuls, leur berger ne doit pas venir les voir bien souvent. Bien que je les crois plus attirés par des croquettes que par mes guiboles, je rebrousse chemin; j'ai déjà fait une mauvaise expérience et ne préfère pas tenter le diable. Ca sent la journée pourrie... Vous sentez pas ? Près de 900 m de déniv pour quedalle, c'est pas la joie.
Je crois devoir me contenter d'un renard peu farouche croisé à la redescente (5 minutes à se regarder en chien de faïence, moi qui ne respire plus, lui qui au contraire essaie pas tous les moyens d'identifier ce bipède étrange mais le vent n'est pas avec lui...)
A nouveau j'ai droit à la grande silhouette qui me survole, et finit par m'apercevoir. Encore un subadulte. Il refait un passage, puis me "voit" vraiment et détale. Il est presque 16H00, les ombres nous rattrapent lui et moi. Trop, je ne verrai pas son dortoir. Je m'en retourne, ragaillardi par cette rencontre.

Questions: est-ce que l'une ou l'un d'entre vous a pu assister à des pariades cette année (les livres disent vers mi décembre) ?
Les falaises, je prospecte celles qui ont le meilleur ensoleillement, ou cela ne fait-il aucune différence ?
Quels indices doivent me faire penser à une fréquentation courante d'un site (si jamais je le trouve) ?

 

contribution de "JACQUES-GEORGES MICHEL" <J.MICHEL@wanadoo.fr>, "aigle jura", 1 Avril 1998

Ce dimanche belles observations de rapaces.

Après la disparition du mâle du seul couple d'aigle royal nicheur de toute la chaîne du jura. Son remplacement est assuré par un mâle immature de 3° année, une bande blanche à la base de la queue, des marques blanches encore nombreuses sous les ailes. Incertitude sur la reproduction, mais une observation il y a 15 jours d'un accouplement par un garde de la réserve laissait tout de même augurer d'une possible reproduction. A 12 h 10 arrivée du mâle qui remonte lentement une ascendance face à la falaise de nidification.

Attaque de la femelle de faucon pélerin, locataire d'une falaise toute proche, sur le mâle qui ne s'en détourne pas.

Bientôt ce sont deux oiseaux qui planent dans le vallon.La femelle adulte très foncée et de taille imposante par rapport au mâle. Il se pose et décolle rapidement en direction de l'aire et n'oublie pas de prendre au passage une branche, disparition dans la faille qui abrite l'aire.

La femelle quitte le site en passant la crête de la montagne. Quarante cinq minutes plus tard elle est de retour et se pose à l'aire dans une magnifique ressource, le mâle 30 secondes plus tard s'envole. La nidification est engagée, les observateurs du FRIR et les gardes du parc naturel du haut jura sont satisfaits de ces signes encourageants d'une relève à l'aire des aigles.

L'aigle royal nicheur dans le jura c'est une réalité et le potentiel d'oiseaux présent permet un remplacement rapide d'une disparition.

Le prochain couple il s'installe où?

De nombreuses falaises peuvent lui permettre d'abriter son aire, à vos télescopes!

La journée se termine par l'observation d'un grand duc qui se chauffe au soleil branché face à la falaise qui doit abriter l'aire.

A j'oubliais ce matin première observation d'un mâle circaète sur un site de nidification.

Premières hirodelles rustiques (Hirundo rustica) tandis qu'un traquet pâtre s'égosille au sommet d'un grand frêne.

Jacques MICHEL président du FRIR

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